Ce mercredi 4 juillet, le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a présenté le plan biodiversité du gouvernement : fort de 90 mesures, il se décline en six axes de travail et prévoit un investissement de 600 millions d’euros sur quatre ans. Le milieu associatif se réjouit des annonces mais souligne des lacunes et des moyens insuffisants.
« Nous avons besoin d’une alliance avec la nature, car l’érosion de la biodiversité est un poison lent », a déclaré Nicolas Hulot à l’annonce du plan gouvernemental pour la biodiversité. Ce plan est articulé autour de six axes thématiques : « reconquérir la biodiversité dans les territoires », « construire une économie sans pollution et à faible impact pour la biodiversité », « protéger et restaurer la nature dans toutes ses composantes », « développer une feuille de route européenne et internationale ambitieuse pour la biodiversité », « connaître, éduquer, former » et « améliorer l’efficacité des politiques de biodiversité ».
Plastiques en mer et artificialisation des sols
Ainsi, 90 mesures composent ce plan. Parmi elles on retrouve la volonté d’accompagner « 1000 collectivités locale d’ici à 2022 pour qu’elles deviennent des Territoires engagés pour la nature », un soutien à la désartificialisation ou renaturation de sites dégradés via des appels à projets, la réduction de l’usage des pesticides dans l’agriculture – déjà annoncée en juin dernier – une mesure de limitation de l’impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité ou encore un travail avec les entreprises pour favoriser l’innovation et la protection de la biodiversité.
Ce plan reprend également des mesures contenues dans la feuille de route pour l’économie circulaire concernant les déchets plastiques : le plan biodiversité pose l’objectif de zéro plastique rejeté en mer d’ici 2025. Pour cela, le gouvernement confirme qu’il soutiendra l’interdiction « au niveau national des pailles et des mélangeurs à usage unique dès 2020, et soutiendrons au niveau européen l’interdiction des 12 produits plastiques à usage unique les plus fréquemment retrouvés sur le littoral et en mer ». Autre mesure phare du plan gouvernemental : l’objectif « zéro artificialisation » nette, qui souffre pour l’heure de ne pas avoir de date d’horizon. Celle-ci sera définie « en concertation avec les parties prenantes », explique le ministère.
Agroécologie et aires protégées
Par ailleurs, ce plan biodiversité prévoit un investissement de 150 millions d’euros d’ici 2021 pour aider les agriculteurs à mettre en place des actions de protection de la biodiversité, telles que la plantation de haies, la couverture de sols ou la préservation des prairies et des zones humides. Enfin, notons l’annonce de la création d’un réseau de 500 aires protégées éducatives, marines et terrestres et de 20 réserves naturelles nationales, ainsi que l’objectif de protection de 100 % des récifs coralliens du territoire français d’ici 2025. La mise en œuvre de ce plan va mobiliser 600 millions d’euros sur quatre ans, annonce le gouvernement, « pour déployer des actions permettant de changer d’échelle dans les territoires et avec l’ensemble des acteurs ».
Un manque d’ambitions et de moyens financiers ?
Une somme toutefois insuffisante aux yeux de plusieurs associations de défense de l’environnement, telles que le WWF France. « Les quelques 150 millions d’euros/an annoncés constitue une avancée qui reste insuffisante. Des marges de manœuvre auraient pu être dégagées grâce à la réorientation des subventions dommageables à la biodiversité », estime l’ONG. Cette dernière relève par ailleurs « deux mesures dilatoires » : « Alors que les subventions dommageables à la biodiversité sont déjà bien identifiées dans des rapports et études et que le président Macron s’est engagé au One Planet Summit à développer aux côtés de l’OCDE le « green budgeting », le plan renvoie au Comité pour l’Economie Verte l’identification de ces subventions et des leviers à actionner. De même le plan renvoie à une mission parlementaire pour identifier les causes de la disparition des zones humides alors qu’elles sont bien connues de tous », peut-on lire dans un communiqué.
De façon générale, les associations de protection de l’environnement regrettent un manque de « gages concrets ». C’est notamment le cas de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement (ANPCEN), qui déplore « l’absence de tout objectif chiffré, d’un plan d’actions et de moyens concrets » concernant la pollution lumineuse. Enfin, beaucoup d’associations soulignent que de nombreuses mesures contenues dans ce plan ont déjà été annoncées par la gouvernement dans d’autres plans, tels que le plan de sortie des phytosanitaires ou encore la feuille de route pour l’économie circulaire.