Face à l’enjeu croissant que représentent la collecte à la source et la valorisation des déchets plastiques, le groupe Suez annonce le doublement de ses capacités de traitement industriel. Dans le même temps, le spécialiste des déchets renforce son dispositif de collecte innovant et incitatif Réco.
Doubler la capacité de traitement des déchets plastiques d’ici trois ans. Tel est l’objectif que s’est fixé le groupe Suez, qui passera ainsi d’un tonnage annuel traité de 400 000 tonnes à 600 000 tonnes dès 2020. L’un des enjeux pour l’industriel est de répondre à la multiplication spectaculaire – par 50 – des plastiques produits ces 50 dernières années en Europe. « Chaque année, les pays européens produisent 50 millions de tonnes de plastiques et 25 millions de tonnes de déchets plastiques, dont 25 % seulement sont recyclés. Et les chiffres vont croissant », rappelle Jean-Marc Boursier, directeur général adjoint de Suez en charge des activités recyclage et valorisation du groupe en Europe.
Pour l’heure, l’industriel, qui dispose de neuf usines de recyclage en Europe, produit quelque 150 000 tonnes de plastiques recyclés par an. A l’échelle européenne, le taux de ces derniers dans la production globale de plastiques plafonne à 7 %. « Autrement dit, 93 % des plastiques présents sur le marché européen sont d’origine fossile. Le marché du plastique recyclé a donc l’avenir devant lui », avance Jean-Marc Boursier, qui précise toutefois que l’objectif affiché par le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot de recycler 100 % des plastiques à l’horizon 2025 est « inatteignable ». « Cela dit, cet objectif permet d’enclencher une démarche vertueuse », poursuit le dirigeant.
Des bons d’achat pour encourager le tri à la source
Pour accroître le traitement et le recyclage des déchets plastiques, quelques défis sont encore à relever. Parmi eux, « la collecte d’un maximum de matière à la source n’est pas la tâche la plus aisée », fait savoir Jean-Marc Boursier. « L’extension des consignes de tri dans les collectivités et le décret « 5 flux », en vigueur depuis le 1er juillet 2016 pour les industriels, sont nécessaires mais pas suffisants. » Si la mise en place d’une tarification incitative (plus les consommateurs recyclent, moins le coût du recyclage dont ils ont la charge est élevé) peut porter ses fruits, la multiplication des points d’apport volontaires est également une piste qui peut s’avérer... payante.
En 2014, Suez avait lancé l’initiative Réco pour récompenser l’éco-geste citoyen. Cent kiosques ont ainsi été installés depuis lors partout en France. L’idée de cette solution incitative, soutenue par l’éco-organisme Citéo et Nestlé Waters ? Récompenser les consommateurs par un bon d’achat de 2 centimes d’euros pour chaque bouteille déposée dans un kiosque et destinée à être transformée en polymètres secondaires. Aujourd’hui, le groupe se targue de « plus de 125 millions de bouteilles et de flacons plastiques valorisés à 100 % » ces trois dernières années, soit 2 500 tonnes collectées chaque année, grâce à la participation quotidienne de quelque 7 000 « éco-citoyens ». Fort de ce retour d’expérience encourageant, Suez a annoncé le lancement de nouveaux kiosques adaptés aux petits espaces (RecyclingBox) et d’installations mobiles dévolues aux grands événements et manifestations (RecyclingVan).
Balles de bouteilles plastiques en attente d'être traitées dans l'usine de Suez RV Plastiques Atlantique, à Bayonne / Source : Suez