A la veille de la présentation, par le gouvernement, de la feuille de route pour l’économie circulaire, les recycleurs appellent de leurs vœux la mise en œuvre d’un « vrai plan de développement de l’économie circulaire » en France. Une impérieuse nécessité selon eux dans un contexte où l’activité du secteur tend à s’améliorer.
Alors que leur actualité est particulièrement chargée en ce moment – avec la décision chinoise de restreindre l’importation de certains déchets, le lancement de la feuille de route gouvernementale pour l’économie circulaire, etc. –, les recycleurs affirment, par la voix de Federec (la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage), avoir réalisé un premier trimestre 2018 « sur la lancée de 2017 », pour reprendre l’expression de Jean-Philippe Carpentier, son président.
« 2017 a été une bonne année pour le secteur du recyclage, une année de rebond, si l’on compare la conjoncture actuelle à celle qui perdurait depuis mai 2014 avec notamment la chute brutale du prix du pétrole », commente Jean-Philippe Carpentier. Effets du « dossier chinois » mis à part, toutes les filières du recyclage se portent bien en ce début d’année 2018 : métaux, ferraille, plastiques, papier-carton, etc. « L’économie générale est elle-même repartie, de même que la consommation, ce qui a permis de restructurer le secteur », analyse le président de Federec. Et d’ajouter : « L’année 2017 est loin d’être exceptionnelle, mais elle est remarquable. »
La Chine, « une opportunité »
Si le chiffre d’affaires des recycleurs ne devraient pas progresser de façon significative en 2018 par rapport à 2017 (8,2 milliards d’euros), en revanche, « les marges se sont reconstituées », indique Jean-Philippe Carpentier. « Par conséquent, les résultats actuels devraient compenser les pertes subies en 2014, 2015 et, dans une moindre mesure, en 2016 », avance-t-il.
Si la conjoncture économique s’améliore donc, plusieurs dossiers grèvent encore d’incertitudes l’activité des recycleurs. Parmi ces dossiers, les mesures chinoises visant à importer des déchets de meilleure qualité constituent en réalité, selon le responsable, « une opportunité », car « si les standards progressent, nous devrons moderniser nos usines et nous crérons ainsi de la valeur ajoutée en Europe. » Et Jean-Philippe Carpentier de rappeler : « Il ne faut pas oublier que la Chine reste la première « usine du monde » et qu’elle aura donc toujours besoin d’importer des matières premières, quelles soient fossiles ou recyclées. »
« Mettre en œuvre un vrai plan de développement de l’économie circulaire en France »
Enfin, à l ’heure où le gouvernement doit dévoiler sa feuille de route pour l’économie circulaire, Federec rappelle l’importance, pour la France, de mettre en œuvre « un vrai plan de développement de l’économie circulaire » avec « une vision claire et précise », « ce que je ne perçois pas pour le moment... », fait savoir Jean-Philippe Carpentier.
Et le président de Federec d’insister sur les efforts qu’il reste à mener sur l’éco-conception des produits, la collecte des déchets et la création d’un marché de la demande en aval du recyclage. « Si ces conditions sont réunies, le secteur du recyclage se développera de façon optimale et continuera à investir, comme il le fait aujourd’hui à hauteur de 500 millions d’euros par an environ », conclut Jean-Philippe Carpentier.