Le plan de loi finances pour 2018 prévoit entre autres, d’augmenter les prélèvements aux Agences de l’eau, pour la subvention de l’Agence française pour la biodiversité ou l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. L’organisation des Canalisateurs de France s’inquiètent des conséquences écologiques et économiques.
Kitchen Sink Faucet Water Drip Tap http://maxpixel.freegreatpicture.com/ Présenté le 27 septembre 2017, le projet de loi de finances pour 2018 contient un volet « transition écologique » fourni : modification du CITE, budget de l’Ademe, chèque énergie, prime à la conversion, ou encore taxe carbone... Le ministère de la transition écologique et solidaire va voir son budget augmenté de 3,9 % comme annoncé par Nicolas Hulot fin août. Si, de façon générale, les ONG et syndicats professionnels saluent ce volet du projet de loi, l’annonce sur l’élargissement des responsabilités des Agences de l’eau inquiète les canalisateurs français. Dans un communiqué, l’organisation professionnelle des Canalisateurs de France, « qui fédère les entreprises de pose et de réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement », partage des interrogations autour des « conséquences écologiques et économiques au détriment de la gestion patrimoniale des réseaux d’eau et d’assainissement. » En effet, les prélèvements aux agences de l’eau permettront de subventionner, à hauteur de 37 millions d’euros, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, l’Agence française pour la biodiversité (195 millions d’euros), et des parcs nationaux (65 millions d’euros).
Presque 300 millions d’euros en moins donc, soit 15 % d’un budget annuel de 2 milliards d’euros. « Après le budget 2014 qui instaurait un prélèvement de 210 millions d’euros, celui de 2015, une ponction de 175 millions d’euros par ans programmée sur trois ans, (…), les derniers arbitrages programment une ponction d’une ampleur sans précédent sur le budget des Agences de l’eau », déclarent les Canalisateurs de France. Ils considèrent que ces agences « doivent déjà faire face à de nombreux défis pour contribuer à réduire les pollutions et à protéger les ressources en eau et les milieux aquatiques, parmi lesquels la mise en place de la Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) ou les transferts de compétences prévus par la loi NOTRe. »
« L’eau paie l’eau »
Les Canalisateurs de France rappellent également que la politique de l’eau française s’appuie sur le principe « l’eau paie l’eau » et estiment que, « si l’eau ne paie plus seulement l’eau, c’est tout un équilibre d’un système efficient qui s’effondre, à l’heure où il est indispensable de mener une gestion durable et patrimoniale des réseaux d’eau et d’assainissement en France. » Les professionnels redoutent des conséquences sociales : les projets pour entretenir et rénover les réseaux générant des travaux, « source d’emplois non délocalisables partout en France. » Enfin, l’organisation souligne que ces prélèvements supplémentaires pourrait remettre en cause l’accomplissement de « l’objectif de l’état écologique des eaux à l’horizon 2020 de la Directive européenne Cadre sur l’eau. Vendredi 29 septembre dernier, environ 80 % des salariés de l’Agence de l’eau Adour-Garonne étaient en grève pour dénoncer ces ponctions annoncées.