Dans quel état d’esprit abordez-vous ces assises axées, selon le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu, sur l’élaboration d’« un plan de lutte contre les fuites visant à relancer l’investissement local » ?
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Dès lors, l’exercice est-il promis à l’impasse ?
Quels que soient les beaux discours, les assises feront « pschitt » si l’Etat ne revient pas sur la ponction sur le budget des agences, qui empêchera l’atteinte des objectifs. Sous l’effet des coupes pluriannuelles inscrites dans la loi de finances pour 2018, les prélèvements de l’Etat atteindront en 2019 une intensité insoutenable, trois agences (dont Rhône-Méditerranée) perdant un quart de leurs moyens. Ce système est injuste car il pénalise particulièrement celles qui ont bien joué leur rôle de soutien à l’investissement au cours des précédentes années. Plus leur Xème programme d’intervention (2013-2018) a été dynamique, plus elles subiront le « plafond mordant » instauré par la loi de finances 2018. Des pans entiers de nos politiques (soutien à l’agriculture biologique autour des captages, à l’assainissement individuel en zone rurale) et de nos territoires (ceux qui ne sont pas classés prioritaires) sont en passe d’être abandonnés. Et on parle de relancer l’investissement ? Serait-on devenu schizophrène ?
Pensez-vous réellement que le discours des présidents de comités de bassin finira par porter ?
Je m’égosille depuis six mois à l’Assemblée contre le plafond mordant. Cette mesure, préparée par Bercy, a été votée par une majorité fraîchement élue et comptant peu d’élus locaux, au fait de la gestion de l’eau et de l’assainissement. Quand ils retournent dans leur circonscription, les députés sont aujourd’hui assaillis par les intercommunalités, qui apprennent que l’agence de l’eau revient sur son engagement de soutien à leur projet. J’attends clairement des assises qu’elles préparent la présidence, le gouvernement et la majorité parlementaire à revenir sur les coupes budgétaires. Sébastien Lecornu lui-même dit que les assises ont vocation à déboucher, pour le débat sur le projet de loi de finances 2019, sur un contexte plus favorable que celui qui a prévalu en 2018. A ce stade, il convient de rester dans le jeu. Si aucune solution ne se dégage in fine, je ne m’interdirai pas, avec d’autres présidents de comités de bassin, de quitter la table.