Ce 26 juin, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) organisait une rencontre pour faire le point sur les dispositifs de protection existants contre les crues de la Seine et les enseignements à tirer des deux derniers épisodes qu’a connus le bassin parisien.
Été 2016, hiver 2018 : la Seine s’est récemment rappelée par deux fois en dix-huit mois au bon souvenir de ses riverains, avec un niveau de 6,10 mètres pour la première et 5,84 mètres pour la seconde. La différence entre les deux : une crue estivale avec des précipitations centrées au cœur du bassin provoquant une brusque élévation du niveau du fleuve pour l’une, une crue hivernale résultant de pluies centrées à l’est du bassin et entraînant une montée lente des eaux pour l’autre. Dans ce dernier cas, les quatre lacs-réservoirs de l’Établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs, le syndicat mixte qui regroupe les quatre départements de Paris et de la petite couronne ainsi que les communautés d’agglomération de Troyes et de Saint-Dizier, ont permis « le contrôle de ce qui tombe en amont de l’Île-de-France », explique Marc Vincent, directeur général des services techniques d’EPTB Seine Grands Lacs. En janvier 2018, ils ont donc pleinement rempli leur rôle en stockant 800 millions de mètres cubes, limitant ainsi les conséquences de la crue en aval. Par contre, en été, s’ils soutiennent l’étiage du fleuve, ils se révèlent incapables de contenir des pluies orageuses tombant en aval, comme en 2016.
Un cinquième ouvrage
Pour augmenter encore les capacités de stockage, l’EPTB Seine Grands Lacs planche sur un cinquième ouvrage, plus proche de Paris, situé à la confluence de l’Yonne et de la Seine, dans la plaine alluviale de la Bassée. « L’eau serait pompée de la Seine en crue et déversée dans la plaine, des digues protégeant les pourtours », explique Marc Vincent. Un site pilote serait mis en service fin 2023. Il serait le premier d’une série d’une dizaine de réservoirs de stockage, qui cumuleraient un total de 55 millions de mètres cubes. S’ils avaient existé, ils auraient été capables d’écrêter de 30 cm la crue de l’hiver dernier. En ce qui concerne les crues estivales, selon Marc Vincent, « elles nécessitent une politique plus diffuse à l’échelle des communes, au niveau de la gestion des eaux pluviales ». Une politique qui passe par plusieurs leviers d’action : la conclusion de programmes d’actions de prévention des inondations (Papi) entre l’État et les collectivités qui hiérarchisent les actions de prévention des risques liés à la crue. Les Papi « créent de la cohérence sur le territoire concerné », avance Cédric Herment, chef du service prévention des risques et des nuisances à la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) d’Île-de-France. Et de rappeler que «surtout,les PPRI (plans de prévention du risque inondations) doivent être appliqués ». Enfin, Roland Nussbaum, directeur de la Mission risques naturels, un service de la Fédération française de l’assurance, a présenté les différents outils dont dispose la profession pour analyser les risques d’expositions aux inondations (SIG MRN) et évaluer le coût moyen des inondations par communes (BD Silehc) et celui des aléas climatiques à l’échelle du bâti. Ces outils, les assurances commencent à les mettre à disposition d’autres acteurs, en particulier les professionnels de la construction, afin de « faire et reconstruire mieux, même si cette profession est difficile à mobilier », précise Roland Nussbaum. Restent les techniques de désimperméabilisation, qui impliquent une nouvelle gestion des eaux pluviales et dont les intervenants ont vanté les vertus.