Alors que le déploiement des nouveaux Vélib’ parisiens ne se passe pas comme prévu, le délégataire Smovengo, sous le feu des critiques des usagers et de certains élus de la capitale, est « sorti de son silence ». Dimanche 11 mars, Smovengo a publié publié un communiqué au vitriol, dans lequel le rôle de JCDecaux, du Syndicat Autolib’ Velib’ Metropole, ou encore de Enedis dans le retard pris, est pointé du doigt.
Dans un communiqué publié le dimanche 11 mars dernier, Smovengo (consortium qui réunit trois sociétés dont la montpelliéraine Smoove), se défend face aux critiques qui l’accablent depuis le début du déploiement des nouveaux Vélib’ début 2018. Smovengo compte ainsi « rétablir quelques vérités », autour de critiques « non fondées ». Le consortium affirme donc réunir des sociétés expérimentées, en partenariat avec « les meilleurs partenaires possibles » - à savoir Bouygues, Colas, High Graph... - et avoir produit « 100% des équipements disponibles » ou encore d’avoir collaboré au mieux avec les élus sur le terrain. « Le vélo est unanimement salué par les utilisateurs, quant à sa légèreté, sa maniabilité et la qualité de ses matériaux », souligne Smovengo. Le délégataire semble regretter d’être seul à subir les conséquences du « temps perdu depuis plusieurs mois » : « Nous avons démarré le projet en connaissance de cause, tout en ayant partagé avec notre client les risques liés au planning tendu nécessitant une réactivité et un alignement idéal des conditions de déploiement », indique Smovengo dans son communiqué.
Premier acteur dans le viseur du délégataire : son prédécesseur et concurrent pour la reprise du marché sur Vélib’2, JCDecaux. « Le sortant, notre concurrent, a tout tenté par ses recours juridiques et ses manœuvres dilatoires y compris en matière sociale, pour retarder le passage de relais. Encore aujourd’hui, il multiplie les déclarations agressives et mensongères », attaque Smovengo. De plus, JCDecaux aurait pris un « important retard » dans le démontage des anciennes stations Vélib’ : « à date, 350 stations qui auraient dû être démontées ne le sont toujours pas, ce qui empêche les équipes de travaux publics de tenir les cadences. »
Le Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole visé pour mauvaise gestion administrative
Mais le Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM), qui a infligé une pénalité de trois millions d’euros à Smovengo pour le non-respect des délais, en prend aussi pour son grade. Alors que ce dernier publiait le 9 mars, un communiqué pour faire part des indemnités mises à disposition des usagers qui ont subi les défaillances de la mise en service des nouveaux Vélib’, Smovengo dénonce la gestion administrative du SAVM. Celle-ci aurait « souffert de graves insuffisances » et n’aurait pas été « menée avec toute l’efficacité voulue par un tel appel d’offre, d’une ampleur absolument considérable par sa taille et ses défis technologiques qui prévoyait en outre une continuité de service nécessitant les process les plus rigoureux », écrit Smovengo. En détails, le délégataire dénonce un retard de trois mois dans la contractualisation, une perte de six semaines pour la validation des designs des bornes et vélos, la remise d’un cahier des charges techniques incomplet, « notamment pour la gestion des travaux de génie civil et pour la partie électrique ». Smovengo souligne également que les « négociations sociales pour la réembauche des personnels Cyclocity se sont prolongées jusqu’à la mi-décembre ». Par ailleurs, Smovengo insiste sur le fait que de nombreuses stations ne sont toujours pas électrifiées par Enedis, et qu’environ 200 « adresses définitives de stations n’ont pas encore été transmises par le SAVM », se défend Smovengo.
Des bornes non conformes pour le raccordement électrique ?
Ce mardi 13 mars, Enedis a répondu à Smovengo via un communiqué, en précisant que le délai de raccordement des stations est en moyenne de 2,5 jours. Pour sa défense, Enedis souligne qu’« à ce jour, sur les 1.200 bornes prévues sur Paris et la première couronne, et sur les 376 annoncées comme mises en service par Smovengo dont certaines fonctionnent sur batteries, seules 159 bornes livrées répondent aux [critères techniques d’alimentation] ». A savoir : un socle en béton pour le passage du câble électrique et l’attestation de conformité délivrée par l’organisme Consuel. Sur les 159 stations identifiées comme étant conformes par Enedis, 116 sont déjà raccordées « et les travaux sont en cours sur les 43 autres », est-il précisé.
D’après le consortium, malgré tous ces dysfonctionnements, le service devrait être totalement déployé d’ici l’été 2018. « Plus de 500 stations seront installées fin mars, près d’un millier à fin mai, début juin », est-il précisé.