Plus d’un an après l’interdiction de la circulation sur les voies sur berges rive droite à Paris, Bruitparif rend un rapport mitigé : si l’environnement sonore s’est nettement amélioré sur les quais piétons, il s’est fortement dégradé sur les quais hauts, notamment la nuit.
Depuis que les voies sur berges rive droite à Paris sont fermées à la circulation automobile, le niveau de bruit a augmenté sur les quais hauts, en particulier la nuit. Il s’agit de la conclusion principale du rapport final délivré par l’observatoire du bruit en Ile-de-France, Bruitparif. Après le bilan établi par Airparif sur les conséquences de cette piétonnisation - votée le 26 septembre 2016 - sur la qualité de l’air, il est temps de dresser le bilan sur la pollution sonore. Pour comparer l’avant/après piétonnisation, l’observatoire du bruit francilien s’est fondé sur les résultats de ses deux campagnes de mesure en novembre 2016 et mai 2017, les données relevées par les douze stations permanentes de Bruitparif, « les données de mesure de courte durée réalisées sur certains sites avant la fermeture de la voie Georges Pompidou, notamment les mesures ponctuelles réalisées sur quelques jours en novembre 2015 par le bureau d’études CIA-acoustique sur six sites des quais hauts », ainsi que sur des modélisations et les données du trafic routier. « Il ressort de cette étude que les conséquences acoustiques de la fermeture à la circulation de la voie Georges Pompidou se manifestent essentiellement dans Paris intra-muros, notamment sur le secteur des quais hauts, et que celles-ci sont plus accentuées sur la période nocturne qu’en journée », indique Bruitparif.
Une augmentation significative du niveau sonore
En effet, le rapport précise que le volume sonore relevé sur les quais hauts la nuit, dépasse souvent les 2 décibels A (dB(A)) et peut atteindre 4 dB(A), « soit des augmentations de +60 % à +150 % de l’énergie sonore, sur une bonne partie des quais hauts rive droite entre le Louvre et la Place du Châtelet, entre le Pont Louis-Philippe et le Pont Marie et entre le boulevard Henri IV et le boulevard Bourdon ». Une augmentation « significative » pour les riverains, qui voient la qualité de leur environnement sonore se dégrader. « Sur la période nocturne, les niveaux de bruit en façade des riverains sur ces secteurs des quais hauts s’établissent désormais entre 65 et 70 dB(A) (cf. graphique 2), soit de 5 à 10 dB(A) au-dessus du niveau maximum autorisé retenu pour la période nocturne qui est de 60 dB(A), dans le cas d’une modification considérée comme significative de la contribution sonore de l’infrastructure », détaille Bruitparif. La journée, l’augmentation est beaucoup moins significative : en moyenne +2,2 dB(A) supplémentaires. Mais des pics surviennent notamment aux heures de pointes, ce qui engendre des augmentations de 3 dB(A). Cependant, « les niveaux de bruit (hors pics de bruit) en façade des riverains sur les secteurs des quais hauts les plus impactés s’établissent désormais entre 68 et 73 dB(A) [en journée], soit de 3 à 8 dB(A) au-dessus du niveau sonore maximal autorisé sur la période diurne qui est de 65 dB(A) dans le cas d’une modification considérée comme significative de la contribution sonore de l’infrastructure ».
Au-delà des quais hauts, les axes de report de trafic tels que le boulevard Saint-Germain, le boulevard Bourdon, ou le boulevard du Montparnasse subissent une hausse moindre du niveau sonore : elle est estimée entre 0,5 et 1,5 dB(A) la nuit et entre 0 et 1 dB(A) le jour. En dehors de Paris intra-muros, « aucune tendance d’évolution claire ne se dégage en lien avec la fermeture de la voie sur berge rive droite », ajoute Bruitparif.
Exit les bruits de circulation, mais de nouvelles sonorités apparaissent
Sur les berges piétonnisées et les quais et façades situés de l’autre côté de la Seine, sur l’île Saint Louis et de l’île de la Cité, une « nette amélioration de l’environnement sonore » est relevée : elle atteint environ -8 dB(A). « Toutefois, cette amélioration de l’environnement sonore sur les berges de Seine est variable selon les secteurs. Elle est marquée sur les parties des berges situées en contrebas des quais du Louvre, de la Mégisserie, de Gesvres, de l’hôtel de Ville et des Célestins », précise le rapport. D’autres secteurs tels que les alentours du quai François Mitterrand ou du quai Henri IV ne bénéficient pas d’une aussi importante amélioration. Par ailleurs, si les bruits de circulation ont disparu, les nouvelles activités « festives et récréatives » installées sur les quais, « ont conduit à l’apparition de nouvelles sonorités (voix humaines, cris d’enfants, musique) qui dépendent de la période de fréquentation des berges et qui sont venues remplacer partiellement le bruit du trafic routier qui régnait sur les berges avant leur fermeture à la circulation ». Les mois de juin et juillet étant les plus concernés, notamment en fin de semaine. Sur l’année « les niveaux sonores y sont désormais compris entre 60 et 67 dB(A) en journée et entre 57 et 70 dB(A) la nuit selon les mois de l’année ». Une diminution allant jusqu’à 80 % de l’énergie sonore. A noter cependant qu’une zone est qualifiée de « calme » en dessous de 55 dB(A).
Revêtements acoustiques et limitation de vitesse
Au regard de ce rapport, « il en résulte une obligation pour le maître d’ouvrage, à savoir la Mairie de Paris, de prendre des dispositions pour limiter l’exposition sonore des populations voisines de l’infrastructure ainsi modifiée et pour respecter les niveaux sonores maximaux admissibles, à savoir des niveaux de 65 dB(A) le jour et de 60 dB(A) la nuit, soit des diminutions de bruit à atteindre qui peuvent aller jusqu’à 10 dB(A) à certains endroits », estime Bruitparif. Revêtements acoustiques sur la chaussée, limitation des vitesses de circulation, remplacement de la flotte de bus, ou encouragement à l’achat de véhicules électriques… sont autant de solutions avancées par l’observatoire dans le but d’attendre les niveaux sonores réglementaires.
Pour rappel, en octobre dernier, le rapport final d’Airparif concluait que la fermeture des voies sur berges n’avait eu aucun impact significatif sur la qualité de l’air, hormis sur les quais eux-même. Une augmentation des concentrations était même constatée dès la fin de la portion piétonne.