Loin d'être anodine, l'installation d'un rucher dans un bâtiment nécessite de respecter certaines règles. Premier réflexe : s'adresser à un apicul­ teur, qui vous aiguillera vers la régle­ mentation à suivre. En effet, des arrêtés préfectoraux s'imposent et prescrivent souvent le respect d'une distance avec le voisinage, notamment les écoles. « Le code rural est aussi à prendre en compte. En outre, à la demande de certains habitants, il arrive que le maire interdise d'implanter des ruchers dans certains endroits », prévient Yves Védrenne, à la tête du Syndicat national d'apiculture (SNA). Si elle les achète au lieu de les louer, ainsi que le recommandent les professionnels, l'entreprise ou la col­ lectivité notifiera leur détention via un formulaire Cerfa du ministère de l'Agriculture. « Pour 2 500 euros la première année et 1 500 ensuite par an, elles peuvent se doter de trois ruches avec un suivi assuré par un apiculteur sérieux. Dépenser plus pour de simples ruchers est exagéré », précise Yves Védrenne. L'emplacement doit être choisi avec soin, à l'abri du vent et de l'humi­ dité. Par exemple, chez Dassault Aviation ou Orange, toits et terrasses ont été mobilisés. Le premier y a installé trois ruches et recommande d'associer à la démarche le comité hygiène et sécu­ rité de l'entreprise. Chez Orange, qui déploie une soixantaine de ruches sur ses sites, Marc Fossier, directeur exécutif de la responsabilité sociale d'entreprise (RSE), conseille de passer en revue les règlements et plans de prévention inter­ nes « car des employés seront amenés à circuler sur le toit près des ruches. Il faut en faciliter l'accès et poser des rambardes et de la signalisation ». De même, si des appareils de chauffage ou de climatisa­ tion se trouvent sur le toit, veillez à ce que les ouvriers intervenant pour leur maintenance n'aient rien à craindre des abeilles. Pour se prémunir des désa­ gréments, des as su rances bon marché existent. En termes de matériel (enfu­ moir, combinaison, gants), le mieux est de prévoir un local à proximité du rucher pour les ranger. Ne pas négliger, en effet, que l'apiculture est un travail salissant. « Pour les protéger, les ruchers sont fixés au sol. Il faut éviter les toits en bitume qui réverbèrent et privilégier l'ombrage », ajoute Yves Védrenne. « Et veiller à les protéger des parasites et du frelon asiatique, principal ennemi des abeilles », poursuit Alain Rigout, l'adjoint chargé du développement durable à Blagnac, lui-même féru d'apiculture. Avec ses six ruches, cette ville de Haute-Garonne produit un miel toutes fleurs distribué dans ses cantines ou offert aux jeunes mariés. « Au-delà du symbole, il est important de valoriser cette pra tique en l'insérant à un Agenda 21 et en participant à des concours départementaux de miel. Analyser sa qualité donne un aperçu de la diversification florale de la commune. Surtout, un rucher est un formidable outil pédagogique pour parler de la biodiversité aux enfants », sourit Alain Rigout. En entreprise, pour associer les person­ nels à la vie du rucher, n'hésitez pas non plus à solliciter les employés passionnés par cette discipline. Chez Orange, plus de 200 d'entre eux sont ainsi « piqués ».