Dix-huit associations environnementales ont écrit une lettre au ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Julien Denormandie. Elles s’opposent aux dérogations annoncées début août pour l’utilisation de pesticides néonicotinoïdes dans les cultures de betteraves à sucre.
Ce mardi 18 août, des associations parmi lesquelles la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la Confédération paysanne, Générations futures, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), Stop pesticides, les Amis de la Terre France, Pollinis, WWF-France ou encore Greenpeace, se sont opposées aux dérogations d’utilisation de néonicotinoïdes pour les betteraviers. Le 5 août dernier, le gouvernement a en effet annoncé vouloir accorder des dérogations pour l’utilisation d’insecticides néonicotinoïdes en enrobage de semences sur la culture de la betterave. « Nos organisations sont scandalisées par cette décision ministérielle qui constitue un recul important du gouvernement sur la question des insecticides », ont écrit les dix-huit associations au ministre de l’agriculture, Julien Denormandie. « Cette décision est d’autant plus inacceptable que l’Anses admettait dans un avis sur les néonicotinoïdes de 2018, qu’il n’y avait pas d’impasse technique pour cette culture », ajoutent-elles.
Ne pas attirer les pollinisateurs
Les associations s’opposent aussi à l’argument énoncé par la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, selon lequel « la culture de la betterave étant récoltée avant la floraison, cette dernière n’attire pas les pollinisateurs, et l’usage des néonicotinoïdes en enrobage sur cette culture serait donc sans conséquence sur les abeilles ». La ministre a par ailleurs précisé qu’il serait « interdit de planter des cultures à fleurs lors de la prochaine saisons pour ne pas attirer les pollinisateurs ». Les associations se demandent si cette interdiction sera suffisante, pour deux raisons : « l’exposition des abeilles et autres pollinisateurs aux néonicotinoïdes se fait aussi, et peut être même surtout, par les fleurs sauvages se trouvant à proximité des cultures traitées », peut-on lire dans la lettre au ministre. Les associations soulignent également que « les néonicotinoïdes sont persistants et sont transportés par la sève dans toute la plante au fur et à mesure de sa croissance, alors que seuls 1,6% à 20% de la matière active est réellement absorbée par la plante et plus de 80% contaminent les sols, les cours d’eau et les nappes phréatiques ».
Boîte de Pandore
Pour les associations signataires, le recours aux dérogations pour la filière des betteraves est « une boîte de Pandore » qui ouvre la voie à des demandes d’autres producteurs, « maïsiculteurs en tête ». Elles concluent leur lettre par une interrogation : « Après la publication du rapport de la cour des comptes européenne pointant les échecs des actions mises en place et dénonçant les quelques 206 dérogations octroyées entre 2013 et 2019 en Europe pour l’usage des 3 principaux néonicotinoïdes sujets à restriction en 2013 puis interdits en 2018, comment peut-on sérieusement aujourd’hui prétendre défendre la biodiversité et accorder de telles dérogations ? »