Le phénomène serait dû à une perturbation dans l’équilibre entre les coraux et les algues. Crédits : visa vietnam/Pixabay
Une étude publiée par l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a apporté une avancée majeure dans le phénomène du blanchiment des coraux qui peut conduire à leur mort.
Comment expliquer le blanchiment des coraux ? La réponse a été publiée le 26 janvier dans la revue américaine PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences). Dans cette analyse Nils Rädecker, scientifique au Laboratoire de géochimie biologique (LGB) de l’EPFL, a apporté une explication au phénomène de rupture symbiotique entre le corail et les algues qui le nourrissent.
Le chercheur a étudié pendant plus d’un an un récif du centre de la mer rouge, qui se trouve au large de Thuwal, en Arabie saoudite. « Nous montrons pour la première fois que le corail commence déjà à souffrir de la faim longtemps avant l’expulsion des algues, qui arrêtent de lui fournir suffisamment de nutriments alors qu’elles sont toujours dans son organisme », indique-t-il.
Une rupture précoce des échanges métaboliques
Jusqu’ici les scientifiques ont supposé que le processus responsable de la dépigmentation des coraux serait d’abord dû au réchauffement des océans. Ils ont observé pendant une trentaine d’années que les algues qui subissent les vagues de chaleur, libèrent des molécules toxiques pour le corail. En les expulsant de son organisme, le corail stressé, perd sa couleur et sa principale source d’alimentation.
Mais il semblerait que ce processus commencerait plus tôt par une perturbation dans l’équilibre métabolique entre les coraux et les algues qui les nourrissent et leur donnent leur couleur. Cette nouveauté révèle notamment que le corail est dans un état de stress et de manque de nutriments bien avant la production des molécules toxiques libérées par les algues.
Cette découverte orientera les chercheurs vers une meilleure analyse de ce phénomène et leur permettra de mieux identifier les différences entre les coraux et la possibilité de leurs survies. « En fonction de ce que nous avons découvert, nous pouvons être en mesure d’identifier les conditions environnementales autres que le stress thermique et relier ces informations pour savoir si le récif va blanchir ou non à l’avenir. Nous pouvons utiliser ces informations pour identifier les coraux, comme dans le golfe d’Aqaba et dans la mer rouge, qui sont beaucoup plus résistants au blanchiment. Nous saurons ainsi quels récifs protéger à l’avenir, en connaissant ceux qui ont une meilleure chance de survivre », affirme Nils Rädecker dans l’étude.