Depuis l'acquisition en 2009 de la société allemande Concentrix Solar, le français Soitec avait placé ses espoirs dans le développement du solaire photovoltaïque à concentration (CPV). Cette stratégie de diversification était censée compenser les à-coups de son activité historique dans l'électronique. Las, son avenir dans le solaire est aujourd'hui fortement assombri. Le groupe français, soutenu financièrement par Bpifrance, a dû abandonner fin 2014 son principal projet dans le CPV. Un partenaire, auquel il avait cédé des contrats d'électricité en vue d'un projet de centrale solaire en Californie, a rencontré « un obstacle majeur » empêchant la mise en œuvre du projet, a expliqué Soitec. L'absence de terrain approprié est à l'origine de cette condition bloquante. Ce projet à San Diego devait permettre à l'usine de Soitec en Californie de produire 150 MW de panneaux CPV et devait générer 300 millions de dollars de chiffre d'affaires cumulés. Avec la perte de ce contrat, la charge de l'usine va tomber à environ 70 MW, bien loin de sa capacité potentielle de 280 MW. Conséquence : la valeur de cet actif devra être prochainement dépréciée, ce qui alourdira un peu plus les pertes financières annuelles de Soitec. L'industriel a beau rappeler avoir passé avec succès la totalité des tests requis pour un autre projet de centrale solaire, en Afrique du Sud, cette déconvenue américaine fait craindre pour la viabilité de sa division photovoltaïque. « La perte de visibilité sur le solaire comporte des conséquences potentielles importantes sur le futur périmètre du groupe et sa structure financière », s'inquiètent ainsi les analystes financiers de la banque Natixis. Sans nouveau contrat, Soitec n'a aucun espoir de couvrir les besoins en trésorerie de cette activité, estimés à plus de 50 millions d'euros par an. Une nouvelle augmentation de capital ne peut donc être exclue à moins que le groupe, dont la valeur en Bourse a chuté de plus de 50 % depuis fin décembre, ne décide de renoncer au solaire... après avoir englouti plusieurs centaines de millions d'euros.