« Face à l’urgence climatique, les partenariats public-privé sont essentiels si nous voulons éviter le point de non-retour », estime Agnieszka Lukaszczyk, Vice-Présidente des Affaires Publiques de Planet.
Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. Un parti pris loin d’être si idéaliste, car en collaborant ensemble secteurs public et privé peuvent lutter contre le changement climatique depuis l’espace. La technologie, et en particulier l’observation de la Terre, joue un rôle crucial dans ce processus.
Surveillance de la déforestation en temps réel, lutte contre la pêche illégale, détection des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et de méthane… les satellites d’observation de la Terre donnent aux pays du monde entier les moyens de suivre et de mesurer leurs progrès dans la bataille contre le réchauffement climatique.
L’imagerie satellite pour diagnostiquer le changement climatique
L’imagerie satellite rend visible l’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés. L’essor de nouvelles constellations de satellites optiques et radars permet de prédire les trajectoires des incendies de forêt ou encore d’évaluer la saturation des sols pour anticiper les risques d’inondations. Combinées à l’intelligence artificielle et au big data, les données satellites offrent des capacités de mesure sans précédent.
Grâce aux progrès accomplis, elles permettent de suivre les informations sur les émissions de manière indépendante et en temps réel, aidant ainsi les scientifiques à attribuer la responsabilité des émissions à des industries, des entreprises et des régions spécifiques. La coalition Climate Trace, dirigée par Al Gore, a publié son premier rapport sur les émissions de GES en septembre dernier. Celui-ci se base sur l’analyse d’images fournies par plus de 300 satellites. Il présente les émissions de GES au cours des cinq dernières années (pour chaque grande source d’émissions sur la planète). D’ici un an, des évaluations mensuelles, hebdomadaires, voire quotidiennes, pourront être établies. Les données satellites sont, en effet, capables de fournir des estimations précises de ces émissions en quasi-temps réel.
Unir les forces des acteurs privés et publics
A la COP26, plus de cent pays se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30% d’ici à 2030. Bientôt, l’imagerie satellite sera utilisée pour déterminer la quantité de méthane rejetée par les usines, les centrales électriques ou encore l’industrie pétrolière. Les satellites hyperspectraux du programme Carbon Mapper permettront, dès 2023, de mesurer les émissions de méthane et de CO2 à moindre coût et de manière indépendante. Lancé sous l’impulsion d’acteurs des secteurs privé et public (Planet, Carbonmapper.org, le Jet Propulsion Laboratory de la NASA, l’État de Californie, l’Université de l’Arizona, l’Arizona State University (ASU), la High Tide Foundation et RMI), ce programme vise à améliorer l’exhaustivité et la rapidité de la détection du méthane provenant de sources ponctuelles. Ce dernier ouvre la voie à une nouvelle ère de transparence, de responsabilité et d’action en matière d’émissions climatiques.
D’autres partenariats privé-public existent, à l’instar de l’initiative internationale sur le climat et les forêts de la Norvège (NICFI). Dans le cadre de ce programme, Planet, Kongsberg Satellite Services (KSAT) et Airbus fournissent un accès universel à la surveillance par satellite à haute résolution des forêts tropicales de 64 pays, soit la quasi-totalité des forêts tropicales humides de la planète. Plus de 9 000 utilisateurs de 130 pays à travers le monde utilisent les données satellites de NICFI. Elles aident, en outre, à alimenter le programme REDD+ de l’ONU, un mécanisme développé dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Celui-ci vise à réduire les émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts. Ce programme soutient les pays en voie de développement qui protègent et restaurent leurs stocks de carbone forestier. Une fois analysées, les données satellites servent à informer les autorités publiques, notamment pour mettre fin à la déforestation illégale.
Vous l’aurez compris, vous ne pouvez pas gérer que ce que vous ne pouvez mesurer. C’est pourquoi, mises en commun, les données satellites, quelles que soient leur provenance, permettent de rendre tous changements visibles rapidement pour prendre des décisions éclairées. Les acteurs des secteurs public et privé doivent donc se rassembler pour mettre notre planète sur une trajectoire durable.