Près de 25 % des abeilles ont été retrouvées mortes dans leurs ruches au printemps 2021, indique l’Anses dans son rapport. Une mortalité qui a des conséquences directes sur la flore puisque par leur fonction pollinisatrice, ces espèces sont essentielles pour la survie de 80 % des plantes à fleur, précise l’INRAE. En partant de ce constat alarmant, OpenStudio a décidé de mettre l’intelligence artificielle au service de la protection de ces essaims avec son projet Mellia.
En combinant intelligence artificielle et Internet des objets (IOT), OpenStudio a conçu une ruche connectée capable de prévenir les menaces qui pèsent sur les abeilles. Celle-ci permet aux apiculteurs de récolter des « données optimisées sur la santé de ses abeilles sans avoir besoin de se déplacer et sans avoir à ouvrir la ruche ». Récupérées toutes les 30 minutes, ces informations permettent d’intervenir rapidement sur le site dès qu’un dysfonctionnement est repéré. « Lorsque l’on évoque le concept d’une ruche connectée, on peut d’abord se montrer réticent à l’idée de déranger ces apidés avec des gadgets électroniques loin de cette image d’Épinal de savoir-faire artisanal et ancestral. Pourtant, moins on dérange les abeilles et mieux elles se portent. Ainsi tout dispositif permettant d’éviter d’ouvrir la ruche afin de l’inspecter a déjà un effet bénéfique sur celle-ci. De plus, c’est un élément de sécurité permettant à l’apiculteur amateur ou professionnel d’être rapidement informé d’un potentiel risque pour la colonie (manque de nourriture, température trop basse etc) », commente Nicolas Bréard, Ingénieur électronique, chez OpenStudio.
Installation du premier prototype Mellia. Crédit : OpenStudio
À l’issue de cinq mois de développement, le premier prototype de ce système intelligent a été installé début février sur une ruche de type Dadant 10.
Surveiller les abeilles et détecter les prédateurs
Pour mieux comprendre le comportement de ces espèces et les répercussions engendrées par l’activité humaine, cette ruche d’un nouveau genre intègre différents capteurs de suivi, à savoir : une balance connectée pour mesurer les variations de poids de la colonie ; une sonde et un capteur pour évaluer la température et l’humidité, à l’intérieur et l’extérieur de la ruche ; et un capteur de pression de l’air. Le système est également dotée d’une interface graphique qui facilite le décodage des informations récupérées. Ce décodage « sera rendu encore plus intuitif grâce à l’IA : son introduction dans la chaîne de traitement des données permettra de produire des alarmes et interprétations explicites pour l’apiculteur », ajoute la société.
OpenStudio travaille également sur un capteur autonome capable de détecter « la signature sonore des frelons asiatiques », prédateurs pour les abeilles. « Les travaux en cours permettront bientôt d’isoler la nature des bruits autour de la ruche afin d’identifier ceux indiquant une éventuelle menace pour la colonie, notamment grâce à l’intelligence artificielle ».
Outre l’aide apportée à l’apiculteur, ces données techniques fournies par l’intelligence artificielle de Mellia permettront aux chercheurs de comprendre les variables pouvant avoir des effets sur la santé des essaims, ou encore pour prédire des événements à venir.