Dans cette tribune, Julie Kae, vice-présidente du développement durable et directrice exécutive de Qlik.org, défend le recours à l’intelligence artificielle (IA) pour améliorer le bilan des entreprises en matière de développement durable.
Le monde de l’entreprise continue de se distinguer par ses transformations et ses évolutions constantes, la dernière en date étant l’intérêt exceptionnel suscité par l’IA générative. L’émergence de cette technologie a marqué le début de ce que certains appellent une « nouvelle ère » dans tous les secteurs. Mais si la technologie a toujours évolué à grande vitesse, la transformation qui résulte de l’avènement de l’IA semble s’opérer encore plus rapidement.
Fort heureusement, de nombreuses entreprises n’en restent pas moins attentives à leurs objectifs en matière de développement durable. Elles s’efforcent de les atteindre en apprenant davantage de leurs données. La collecte, l’organisation et l’activation de données fiables leur permettent d’obtenir des informations qui débouchent sur la bonne action au bon moment. L’IA a le potentiel de soutenir ces efforts, car elle démocratise l’accès à l’intelligence collective et favorise une prise de décision de meilleure qualité. Ainsi, nous observons un meilleur usage de l’ensemble des connaissances qui permettent de résoudre les problèmes communs. Que l’entreprise décide de porter un projet pour faire face à la crise de l’eau, de minimiser ses émissions carbones ou de se fixer un autre objectif tout aussi essentiel,, l’IA alimentée par des données fiables met à la disposition de chacun des connaissances et des champs d’expertise auparavant cloisonnés. Grâce à cela, de nouvelles informations sont mises au jour et favorisent ces transformations essentielles.
La promesse de l’IA au service du développement durable
De nouveaux enseignements tirés des données et de leur contexte inhérent permettent de contribuer aux décisions pour répondre aux grandes préoccupations du moment. L’IA a un rôle essentiel à jouer afin d’identifier et d’accompagner les projets de développement durable grâce à l’analyse prédictive, à l’agrégation de données et à la collaboration.
Dans le cadre de la crise mondiale de l’eau, par exemple, l’analyse de données alimentée par l’IA pourrait permettre de mieux gérer la ressource, de prédire les pénuries et de fournir des indications sur les adaptations nécessaires pour y faire face. Autre exemple, que nous appliquons déjà au sein de notre organisation, lorsqu’une entreprise s’engage à produire zéro émission nette, elle doit s’interroger en priorité sur la meilleure manière d’organiser des « événements » durables. C’est un domaine dans lequel l’entreprise et ses partenaires doivent se poser les bonnes questions avant d’intégrer ces mesures à leur stratégie de développement durable en matière de données. Les émissions produites à l’occasion de ces « événements » sont ainsi désormais incluses dans la stratégie globale de réduction des émissions de carbone, permettant de disposer d’objectifs et résultats quantifiables.
L’urgente nécessité d’éliminer les silos de données
L’accès limité aux données et le manque de partage restent des obstacles majeurs pour accomplir des progrès significatifs en matière de développement durable à l’échelle internationale. Aujourd’hui, les entreprises et les gouvernements restreignent l’accès à des ensembles de données essentiels qui, s’ils étaient rendus disponibles, pourraient contribuer à fournir des conclusions qui permettraient de protéger des vies ou des récoltes. La démocratisation plus large des données dans le but de développer des modèles plus pertinents afin de favoriser le partage et la collaboration de manière anonymisée est un facteur essentiel pour réunir toutes les ressources afin d’orienter l’action collective.
Une approche pourrait consister à mettre au point des processus de partage de données encore plus sophistiqués et explicites sur l’ensemble des secteurs publics et privés. Cette démarche permettrait de faire des données collectées en temps réel, voire des données historiques, un « bien public » destiné à révolutionner nos sociétés. Des ensembles de données robustes pourraient ainsi être créés et traités à l’aide de l’IA, avant d’être présentés de manière à permettre aux citoyens, aux organisations et aux gouvernements de mieux surmonter collectivement les défis les plus complexes.
Des acteurs ont compris la nécessité de cette ouverture de données, notamment du côté des acteurs publiques. En ce sens, et comme l’a rappelé récemment Christophe Morel, Directeur de la stratégie de Météo France, « au 1er janvier 2024, toutes les données publiques [du service météorologique et climatique national], disposeront d’une possibilité d’accès sans frais et gratuitement réutilisables. »
Pour aller de l’avant, une intelligence collaborative, à laquelle chaque être humain contribue par sa créativité, son leadership et son esprit d’équipe, doit être privilégiée. Cela nécessite également de disposer, bien évidemment, des capacités technologiques requises en matière de capacité et d’évolutivité.
Améliorer son impact pour nourrir l’espoir
Alors que de nouveaux cas d’usage d’IA voient le jour et que la technologie gagne en maturité, l’IA fait l’objet de nombreuses études qui peuvent porter, par exemple, sur l’utilisation de l’analyse de données et de I’IA dans le but de faire fusionner des ensembles de données disparates. La capacité a tiré avantage de points de données nouvellement accessibles et de les exploiter afin d’influencer ces évolutions d’une manière jusqu’ici inimaginable permettrait d’entrevoir un avenir prometteur. L’utilisation collaborative et constructive de l’IA et des données dans le monde entier devrait ainsi permettre d’opérer des changements plus conséquents, et plus ambitieux que jamais auparavant.