C'est en tant que chargé d'études que Mathieu Zug travaille à la direction technique régionale de Veolia Eau Ouest. Il s'occupe des réseaux d'assainissement, plus particulièrement de leurs impacts sur la pollution de l'eau et notamment des eaux de baignade. Il apporte une assistance technique aux agences dans le domaine de l'innovation, de la modélisation et des nouveaux outils.
C'est dans ce cadre-là qu'il a été amené à utiliser le capteur à ultrasons Ijinus. « En 2006, nous cherchions une solution pour mesurer les niveaux d'eau dans les canalisations afin d'estimer les débits pour quantifier les infiltrations d'eaux parasites (tuyaux dégradés, eaux de pluie, etc.). Pour ce faire, il fallait multiplier les points de mesure et nous avions besoin de capteurs sans fil autonomes en énergie. Or, ce produit n'existait pas sur le marché », se rappelle Mathieu Zug. Pour mémoire, la directive européenne du 21 mai 1991 impose de connaître le fonctionnement des 250 000 kilomètres de réseaux d'assainissement de France afin de minimiser leurs impacts sur le milieu récepteur.
Il rentre en contact avec Ijinus, entreprise bretonne installée à Quimperlé, dans le Finistère, qui avait mis au point un capteur destiné à mesurer les niveaux de graines dans les silos pour l'agroalimentaire. À partir de là, un travail collaboratif a débuté pour créer un capteur pour l'assainissement. Le premier est sorti en 2008 et, aujourd'hui, Mathieu en a environ 400 exemplaires en exploitation.
Le capteur existe en deux versions. Le plus ancien est le kit piéton. Le capteur est placé à l'intérieur du regard d'assainissement et enregistre la hauteur d'eau par ultrasons. Il fonctionne sur batterie interchangeable, « non résinée pour la recycler et réduire le coût de la maintenance », précise le fabricant ; elle peut être changée sur place après trois à cinq ans de fonctionnement. Le capteur communique par onde radio et se relève sur place avec un ordinateur portable. La seconde version est déployée depuis la mi-2010. Les données sont relevées par un kit GSM qui peut être placé dans le regard d'assainissement, une armoire électrique ou un luminaire. Il peut relever quinze sondes en même temps dans un diamètre de 10 mètres (100 mètres sans obstacle). « Il faut compter en moyenne un système (capteur + kit) tous les 1,5 kilomètre pour avoir une bonne estimation », évalue Mathieu Zug. Le kit envoie des SMS d'alerte et les données vers les outils de supervision. « Cela permet de supprimer les déplacements pour la collecte des données et de réduire le temps de détection des anomalies. À Veolia, nous utilisons l'outil Lerne pour récupérer plusieurs types de données (capteurs, débit, pompes, alarmes de station d'épuration, etc.) », précise-t-il.
Ijinus dispose de son propre protocole de communication : Ijitrack. Un nouveau système de communication est en cours de déploiement (30 à 40 au niveau national). Il s'agit d'une collecte par réseau radio fixe avec le système Homerider. Il utilise des concentrateurs posés sur les luminaires. L'avantage est de diminuer les coûts, puisque les SMS sont supprimés, et de mutualiser les données : il peut, par exemple, collecter les données pour l'eau potable en même temps.
Un dernier avantage relevé par Mathieu : le capteur dispose d'un nettoyage automatique des têtes à ultrasons, « mais cela ne dispense pas d'une visite mensuelle », prévient-il.