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EAU

À vos marques, prêts, recyclez !

PUBLIÉ LE 1er SEPTEMBRE 2011
LA RÉDACTION
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Le magazine des professionnels de l’eau et de l’assainissement.
À l'étude depuis près de vingt ans, le recyclage des eaux usées traitées à des fins d'irrigation dispose enfin d'un cadre réglementaire. L'arrêté sur l'utilisation d'eaux issues du traitement d'épuration d'eaux résiduaires urbaines pour l'irrigation de cultures ou d'espaces verts est paru le 2 août 2010 (Journal officiel du 31 août 2010). Ce texte a été élaboré sur la base du rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments ( Afssa) en novembre 2008, puis soumis pour avis en octobre 2009 à l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) avant d'être examiné par les organisations professionnelles concernées. Aujourd'hui, il ne faut plus parler de réutilisation « Reuse » mais de « Reut »pour recyclage des eaux usées traitées. « Ce terme est maintenant utilisé en normalisation internationale (Iso), précise Bruno Tisserand, directeur technique assainissement chez Veolia Eau. Reuse, c'était joli et facile à écrire, mais cela donnait une connotation négative à la technique qui participe à son impopularité. » UN MARCHÉ FRANÇAIS À LA TRAÎNE En effet, le nombre d'applications sur des stations d'épuration urbaines (Step) en France se compte encore sur les doigts de la main. La plus récente, inaugurée en 2010, concerne la station d'épuration Ecoparc 2, dans l'Eure, à l'initiative de la communauté d'agglomération de Seine-Eure (lire encadré p. 30). Du côté des opérateurs privés, Veolia communique essentiellement sur les filières mises en place sur la station de Pornic (Loire-Atlantique) il y a plus de dix ans, ou sur celle de Sainte-Maxime (Var) installée en 2006. Saur a récemment inauguré un chantier de réutilisation des eaux pour des fins d'arrosage, mais il s'agit d'eaux usées de piscine et non de station d'épuration (lire l'encadré p. 34). Quant à Degrémont et son offre Re-use, la seule application française reste celle de Clermont-Ferrand et le chantier date de plus cinq ans. « En France, la conscience du manque d'eau n'est pas encore dans les esprits, surtout si l'on regarde le temps estival de cet été 2011 », ironise Bruno Tisserand. Et la publication de l'arrêté n'a pas permis de bond en avant, loin de là, car selon le responsable, les collectivités attendent la publication complète des textes. L'ASPERSION AUTORISÉE À TITRE EXPÉRIMENTAL Le texte français ouvre la pratique à l'irrigation gravitaire et l'irrigation par goutte-à-goutte, mais l'irrigation par aspersion n'est autorisée qu'à titre expérimental par arrêté préfectoral avec avis préalable de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) sur la base de résultats d'essais pilotes menés à échelle réduite pendant six mois. Les autorités sanitaires exigent des conditions spécifiques d'implantation et de confinement pour éviter l'exposition du public. L'équipement utilisé doit émettre la plus faible proportion possible d'aérosols et être placé le plus bas possible par rapport au sol et à la culture. En outre, si la réglementation a fixé un cadre, les travaux de normalisation s'engagent juste. Le comité technique CEN/TC 165 Techniques des eaux résiduaires a lancé cette année un nouveau groupe de travail, le WG50, chargé de plancher sur la réutilisation des eaux dont les eaux usées traitées. En se focalisant sur la partie traitement, il vient compléter les travaux engagés en 2010 à l'initiative d'Israël, l'Iso PC 253 qui porte sur la partie aval, l'irrigation. La normalisation se concentre sur les méthodes de traitement ou d'irrigation (gravitaire, goutte-à-goutte, aspersion). La fixation de normes de qualité de l'eau par usage reste du ressort de la réglementation. « Pour boucler ce chantier normatif, il faudra encore attendre quatre ou cinq ans », estime Bruno Tisserand. Pour trouver des applications récentes, il faut en fait chercher à l'export. Veolia et Degrémont se disputent les records de mètres cubes traités à Milan en Italie, sur la station de San Roco pour Degrémont et sur la station de Nesodo pour Veolia, toutes deux pour une utilisation en agriculture. En 2010, sur plus de 157 000 000 m3 d'eau traitée par la station de Nosedo, près de 75 000 000 m3 ont été recyclés pour l'irrigation agricole sur une zone de 3 700 hectares. La ville de Barcelone, avec sa station d'épuration de Baix Lobregat, reste toujours une référence pour Veolia Eau puisqu'elle produit différentes qualités d'eaux usées traitées en fonction des besoins de réutilisation, usage industriel, recharge de nappe et de zones humides et irrigation agricole (64 800 m3/j). Une réalisation européenne plus récente concerne la nouvelle station d'épuration urbaine de Nicosie, à Chypre, équipée par le groupe Saur d'une réutilisation à 100 % des eaux usées traitées (lire l'encadré ci-dessus). COMMENT RÉUSSIR SON PROJET DE RÉUTILISATION Jugé trop complexe par les collectivités françaises, l'arrêté du 2 août 2010 fait peur. Le montage d'un dossier d'autorisation n'est pourtant pas insurmontable. C'est juste une question de temps. Que dit le texte ? L'exploitant, propriétaire de la station d'épuration ou des parcelles 8 8 à irriguer qui prévoit la mise en place d'une installation de réutilisation doit adresser un dossier de demande d'autorisation au préfet du département concerné. Celui-ci doit notamment intégrer des informations techniques sur la Step et la description détaillée du projet de réutilisation (filière de traitement tertiaire, technologie d'irrigation...), mais aussi des analyses des sols, des risques et des impacts environnementaux et sanitaires de la réutilisation des eaux usées traitées avec les mesures compensatoires éventuellement nécessaires. Si la demande est acceptée, l'utilisation d'eaux usées traitées est autorisée par un arrêté préfectoral. Celui-ci fixe, après avis du conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques et, le cas échéant, après l'avis favorable de l'Anses les modalités d'irrigation. Il contient principalement le niveau de qualité sanitaire des eaux usées traitées, les débits journaliers autorisés pour l'irrigation, les distances à respecter ou les mesures d'information du public. Les pratiques sont encadrées par la mise en place d'un programme d'irrigation (parcelles, cultures, matériel, calendrier) et d'un programme de surveillance des eaux usées traitées et des sols, le tout transmis au préfet et aux maires concernés. UN OBJECTIF DE RÉSULTAT Les technologies de traitement complémentaires à mettre en oeuvre sur les Step, en amont du recyclage, sont déjà opérationnelles. L'arrêté ministériel ne fixe pas d'obligation de moyens sur le choix du traitement tertiaire, mais des obligations de résultats sur la qualité sanitaire des eaux usées en sortie de traitement. Chacun des quatre niveaux de qualité (de A à D) définis sur la base de paramètres liés à bactériologie est associé à un type de culture. Se référant aux directives de l'OMS pour l'irrigation, les grands groupes privés ont fait le choix de la sécurité en proposant aux collectivités des filières de traitement multibarrières adaptées à l'usage de l'eau recyclée pour l'irrigation. La désinfection est alors une étape obligée. En Loire-Atlantique, pour obtenir une eau de qualité adaptée à l'irrigation sur la station d'épuration de Pornic, Veolia Eau a complété son bioréacteur membranaire d'une désinfection UV puis d'un traitement complémentaire de chloration-déchloration à la sortie de l'usine. Depuis dix ans, 70 000 m3/an d'eaux usées traitées servent ainsi à arroser le golf de la ville, soit près de 10 % du volume total annuel traité par la Step. DES PERSPECTIVES OPÉRATIONNELLES La facturation est adressée directement au délégataire du golf et s'élève à 30 000 euros par an. Le golf de Sainte-Maxime (Var) est lui aussi partiellement arrosé à partir d'eaux usées traitées par la Step grâce à une unité de traitement constituée d'une filtration tertiaire et de désinfection UV et chlore (Veolia Eau). Dans ce contexte, l'agence française de développement (AFD) a publié en février 2011 une étude intitulée « Reut : perspectives opérationnelles et recommandations pour l'action » réalisée par le bureau d'études BRL Ingénierie. Ce document dresse le panorama des techniques disponibles dans le monde. Il contient une analyse technico-économique des six technologies de traitement adaptées au recyclage (lagunage, chloration, ozonation, traitement UV, infiltration percolation et traitement membranaire) et met en perspective l'arrêté français en s'appuyant sur la réglementation sanitaire en vigueur. Un texte qui possède « des principes de précaution renforcés » et qui est même jugé « plus précis sur le plan opérationnel que les textes de l'OMS ». DES ENJEUX SUR LA RESSOURCE À l'AFD, le responsable de l'étude, Alain Rotbardt, chef de projets à la division eau et assainissement, confirme son ressenti sur l'application de la Reut en France. « Le nouvel arrêté français est rigoureux mais pas dissuasif. Beaucoup pensent que cela va freiner le développement des projets alors qu'il y a des endroits où cela pourrait passer sans trop de difficultés », commente-t-il. Comme sur l'île de la Réunion où l'AFD intervient en ce moment sur un projet de Reut pour la commune du Port. « Ici, les enjeux sur la ressource en eau ne sont pas les mêmes que pour l'Hexagone », explique Alain Rotbardt. Les collectivités viennent juste de réceptionner les travaux de la station intercommunale et des essais vont démarrer pour vérifier l'absence d'impact du traitement tertiaire sur l'environnement et la santé. Ils devraient durer six mois. « Beaucoup de communes importantes de l'île, comme Saint-Pierre ou Saint-Denis, prévoient également d'inclure un module de traitement tertiaire en fin de filière », ajoute-t-il. Jusqu'à présent, les collectivités métropolitaines qui se sont lancées dans l'aventure ont été confrontées à de réels problèmes d'approvisionnement sur la ressource. UNE OPPORTUNITÉ POUR LES AGRICULTEURS L'une des pionnières, la ville de Clermont-Ferrand, a lancé dès 1999 un projet d'utilisation des eaux usées de sa station d'épuration avec les agriculteurs d'une sucrerie coopérative (Asa) pour irriguer 700 hectares de terres agricoles en Limagne noire. Réalisé en partenariat avec Degrémont, l'objectif du projet était de pallier l'absence d'eau souterraine dans le périmètre agricole et d'éviter l'investissement nécessaire à l'alimentation sur un pompage de surface situé à 20 kilomètres du site. Le projet a mis plus de trois ans pour aboutir. L'eau utilisée subit un lagunage à partir des bassins de décantation de la sucrerie. Un suivi sanitaire a été mis en place lors de la phase pilote pour valider la faisabilité sanitaire du projet. Le coût total des installations d'irrigation s'est élevé à 5,3 millions d'euros (1 800 euros/ha). La redevance eau payée par les agriculteurs oscille entre 0,2 et 0,3 euro/m3. Elle compense les charges annuelles de fonctionnement du réseau et les prêts réalisés par la coopérative sur les investissements. Cette pratique pourrait donc s'étendre. Reste à savoir si le coût de traitement des eaux usées est assez compétitif pour des pays comme la France. La réponse, à venir, sera intimement liée à l'évolution de la politique de gestion de l'eau agricole en France et aux incitations - ou contraintes - réglementaires qui pourraient pousser les agriculteurs à développer ce type d'approvisionnement alternatif plutôt que de privilégier les prélèvements dans le milieu via la création de retenues. Dans ce contexte, l'augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse enregistrés en France pourrait accélérer une prise de conscience en faveur du recyclage. Et permettre de considérer l'apport des eaux usées traitées en irrigation comme une opportunité.
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