Lorsque des troubles biologiques sont observés sur des organismes aquatiques, comment déterminer s'ils sont causés par des rejets des stations d'épuration ? Veolia a lancé en février 2012 un programme de recherche de deux ans pour répondre à cette question. Diverses espèces animales sont déjà utilisées pour diagnostiquer le bon état écologique des masses d'eau. « Mais les outils biologiques existants sont globaux : ils ne permettent pas d'indiquer quelle activité (ou pression) a un effet particulièrement impactant sur le milieu récepteur aquatique. Nous voulons mettre au point une méthodologie biologique permettant d'identifier l'effet d'un rejet de station d'épuration sur son milieu récepteur », explique Séverine Lenoir, ingénieur de recherche en écotoxicologie chez Veolia Environnement recherche et innovation. Les recherches devraient s'orienter sur les polluants émergents de type résidus médicamenteux, hormones, mais aussi sur les biocides, certains métaux, ainsi que sur des traceurs spécifiques des rejets urbains comme la caféine. Le programme est mené en collaboration avec l'Irstea (ex-Cemagref) sur le volet écotoxicologique (voir Hydroplus n° 205, p. 52) et le CNRS sur son volet chimique. Les scientifiques mesureront les effets biologiques des effluents traités sur trois invertébrés : une petite crevette d'eau douce (le gammare), une larve de moustique et un gastéropode. Ces effets seront corrélés aux concentrations en polluants chimiques dans les eaux et dans certains organes des animaux modèles. « Ces trois espèces sentinelles ont été choisies pour leur bonne représentativité du milieu aquatique. Elles fournissent des réponses biologiques complémentaires selon le type de contaminant, par exemple vis-à-vis des perturbateurs endocriniens », précise Olivier Geffard, responsable du projet au laboratoire d'écotoxicologie de l'Irstea à Lyon. Dans une première phase, les mesures seront réalisées ex situ, dans un laboratoire de terrain installé sur le site par Veolia. Dans une seconde phase, un système d'encagement des organismes dans le milieu naturel permettra de mesurer les effets biologiques en amont et en aval de la station. L'étude permettra ainsi de valoriser ces réponses sous forme d'outils biologiques pour le suivi des Step. La station d'épuration de l'Arbresle dans le Rhône, le site retenu, est récente ; ce qui offre une garantie de sa performance épuratoire. D'une capacité de 12 400 EH, elle fonctionne par boues activées et rejette ses eaux dans la rivière Brévenne. Exploitée par Veolia, la station reçoit 20 à 30 % d'effluents industriels (teinturerie, mine, abattoir). « Le site présente en outre un intérêt supplémentaire : l'importante surface vinicole qui l'entoure. Une évaluation de la contribution des traitements vinicoles sur la qualité de la rivière sera initiée en complément de notre étude sur ces mêmes indicateurs biologiques », précise Séverine Lenoir.