Un projet pilote a étudié pendant trois ans la biodiversité des mangroves de Martinique. Il doit livrer des outils de caractérisation de la qualité des masses d'eau dans ce milieu peu étudié. « C'est la première fois qu'une étude s'est penchée sur la biodiversité dans la partie aquatique des mangroves en France d'Outre-Mer », souligne Sophie Carteron, ingénieur du bureau d'étude Ginger Environnement & Infrastructures, sous-traitant pour cette étude du bureau d'étude martiniquais Impact-Mer. Commandée en 2009 par la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement ( Deal) de Martinique et par l'Office de l'eau de Martinique, cette étude a nécessité un investissement de 290 000 euros, financé à 60 % par l'Onema et à 40 % par la Deal. Son objectif, permettre à la Martinique de répondre aux exigences de la directive-cadre européenne sur l'eau (DCE), qui impose la protection des masses d'eau de transition. Les mangroves, forêts tropicales situées entre mer et rivières au niveau des embouchures, sont composées principalement de palétuviers aux racines immergées. Elles abritent de nombreuses espèces de poissons qui se reproduisent dans ces eaux partiellement salines. « Le but du projet est de mettre en place des indicateurs biologiques qui permettront d'évaluer la qualité de ces masses d'eau », explique Sophie Carteron. « Nous avons déjà des bio-indicateurs pour les coraux, les herbiers et le phytoplancton qui caractérisent la qualité de nos eaux côtières. L'objectif, c'est de se doter d'un outil opérationnel sur les mangroves, que nous utiliserons pour une surveillance routinière des masses d'eau chaque année », explique Corinne Figueras, responsable de l'application de la directive-cadre sur l'eau à la Deal. L'équipe a donc étudié pendant trois ans la biodiversité présente sur huit sites représentatifs des écosystèmes de mangroves martiniquaises, en Baies de Fort-de-France, du Marin et sur la façade Atlantique. « Nous avons compté et identifié sur chaque site tous les spongiaires présents, ces organismes étant connus pour être de bons indicateurs de la qualité de l'eau. Simultanément, nous avons observé la faune et la flore présentes sur les racines et effectué des mesures de température, salinité, pH, oxygène dissous, nitrate, nitrite, ammonium, phosphate et de turbidité », indique Guillaume Tollu, responsable du projet chez Impact-Mer. En intégrant les paramètres biologiques, de qualité de l'eau et le pourcentage d'occupation du sol dans les différents bassins amont, une analyse statistique a été lancée cet été pour déterminer quel type de biodiversité est significatif d'un milieu aquatique sain. « La richesse biologique de certains spongiaires semble déjà être un bon indicateur », avance Sophie Carteron. Sur cette mission, des chercheurs des universités d'océanologie de Marseille, de Caracas et le Museo Marino de Margarita du Venezuela ont accompagné les bureaux d'études. Si la découverte se confirme, l'un d'entre eux pourrait même décrire une nouvelle espèce de spongiaires ! Contacts ? Deal, Corinne Figueras, tél. : 05 96 71 63 54 ? Ginger Environnement, Sophie Carteron, s.carteron@gingergroupe. com ? Impact-Mer, Guillaume Tollu, gtollu@impact-mer.fr