En avril dernier, le conseil régional de Languedoc-Roussillon a validé officiellement la poursuite d'Aqua Domitia après trois mois de débat public. « Compte tenu de l'évolution démographique et cli ma tique, avoir une politique de l'eau est une priorité », commente Christian Bouillé, conseiller régional délégué à l'eau. Dès 2004, la Région a travaillé sur cette question à travers l'étude prospective Aqua 2020. Parmi les solutions envisagées, Aqua Domitia a pour ambition d'acheminer, via un conduit souterrain, l'eau du Rhône sur 130 kilomètres. Pour alimenter notamment les 700 000 habitants qui rejoindront le territoire d'ici à 2020, selon l'Insee. « L'idée est de sécuriser la ressource en cas de pénurie ou d'accident », explique Christian Bouillé. Mais il s'agit aussi d'aider la viticulture régionale, confrontée au changement climatique, à travers l'irrigation de près de 7 000 hectares.
La direction technique du projet a été confiée au concessionnaire régional BRL. Celui-ci prévoit cinq tronçons qui relieront l'ancien canal Philippe Lamour (qui relie déjà l'eau du Rhône au Gard) à l'Est de Montpellier, à Narbonne dans l'Aude. Mis en service progressivement entre 2015 et 2017, ils auront un diamètre enterré de 70 à 120 cm avec un débit maximum de 2,5 m 3 /s. La construction d'un sixième maillon près de Montpellier devrait être effective cette année. « Contrairement à un canal, le projet a une très faible emprise sur le territoire et génère moins de contraintes, car il s'agit d'une conduite enterrée », insiste Jean-François Blanchet, directeur général de BRL. Peu d'acquisitions de terrain seront donc à prévoir. « Nous allons engager une concertation avec les collectivités et les propriétaires privés impactés par le projet pour trouver le meilleur tracé possible », pour-suit-il. BRL devra aussi consulter les bénéficiaires pour achever le plan de financement.
Cependant, de nombreuses oppositions se sont fait en tendre lors du débat public bouclé en dé cembre 2011. Le coût du projet – 280 millions d'euros financés en grande partie par les collectivités – est jugé très conséquent par certaines associations en regard du gain en eau. En effet, le réseau permettra d'acheminer environ 15 millions de mètres cubes supplémentaires, alors que les besoins de la Région vont s'accroître de 70 millions de mètres cubes par an. « Pour nous, les alternatives au projet n'ont pas été sérieusement envisagées », estime Maryse Arditi, présidente de l'association Eccla (Écologie du Carcassonnais, des Corbières et du Littoral Audois). Les élus régionaux rappellent, eux, qu'Aqua Domitia fait partie d'une politique globale. Car il reste d'autres chantiers pour économiser l'eau. Éduquer les consommateurs ou rénover un réseau défaillant responsable de 30 % de pertes, ces deux mesures permettraient à elles seules d'économiser près de 40 millions de mètres cubes.