Ce sera une première en France : purifier le biogaz issu de la digestion des boues pour faire passer sa teneur en méthane de 60 % à plus de 97 % pour l'injecter dans le réseau de gaz naturel. Ce projet, baptisé Biovalsan (BIOgénique VALorisation SANitaire) associe Réseau GDS – le gestionnaire du réseau local de distribution de gaz naturel –, Lyonnaise des eaux, Degrémont Services, ainsi que les laboratoires SGS et Eurofins-IPL Est. Il représente un investissement de 4 millions d'euros, cofinancé par le programme européen Life+ en vue d'une première injection dans le réseau mi-2014.
Dans ce but, les installations de méthanisation se complètent d'équipements de filtration. Les partenaires testent diverses options. Pour une première phase qui sépare l'hydrogène sulfuré (H2 S), les COV, siloxanes, composés organo-halogénés… « la désulfuration par lavage à l'eau sodée s'accompagnera soit d'une filtration par charbon actif, soit d'une condensation », détaille Frédéric Pierre, chef de projet à Lyonnaise des eaux. Vient ensuite la séparation du méthane et du dioxyde de carbone (CO2 ). « Nous choisirons ici entre trois techniques de décarbonatation : la filtration membranaire, le lavage chimique aux amines ou la cryocondensation à 20 bars et – 90 °C », ajoute Frédéric Pierre. Les différentes options étant peu ou prou équivalentes sur le plan budgétaire, la décision se fera sur la solution la plus fiable. Les analyses devront conclure à l'absence totale de risques sanitaires chimiques ou biologiques, de sorte que la qualité du biométhane soit stable malgré la variation des effluents d'entrée de Step. Toujours dans ce but de sécurité, le biométhane sera odorisé avant son envoi au poste de compression. Pour le CO2, qui représente 35 à 40 % du biogaz issu de la fermentation des boues, Biovalsan prévoit d'étudier des filières de valorisation locales telle l'utilisation en serres comme accélérateur naturel de photosynthèse pour les végétaux.
Le biométhane pourrait être produit à hauteur de 1,6 million de m3 / an, soit l'équivalent du chauffage de 5 000 logements BBC, selon les partenaires de Biovalsan. Il sera issu de 3,3 millions de mètres cubes de biogaz produits par la Step d'un million équivalents-habitants. Par ailleurs, Lyonnaise des eaux et Degrémont Services étudient comment modifier le procédé pour détourner le biogaz de son utilisation actuelle : l'incinération des boues de la Step.