L'observation des nappes phréatiques repose sur des réseaux locaux gérés par les collectivités et des réseaux réglementaires nationaux DCE (Directive-cadre sur l'eau). Ces derniers sont pilotés par les Dreal pour les questions de quantité, et par les agences de l'eau pour la qualité. Mais en pratique, il existe une forte interaction entre réseaux. Ainsi, l'association Aqui'Brie centralise toutes les données de la nappe de Champigny (77) au sein d'un métaréseau. Sur la quantité, elle s'appuie sur les données de la Driee Île-de-France, gère le réseau piézométrique du conseil général de Seine-et-Marne et réalise des mesures complémentaires chez les industriels. Idem sur la qualité : elle compile les mesures de l'agence de l'eau et les complète par des données locales des producteurs d'eau potable. De son côté, l'association pour la protection de la nappe phréatique de la plaine d'Alsace (Aprona) a repris la maîtrise d'ouvrage des réseaux de la Diren Alsace. Elle gère un réseau piézométrique de 168 points et un réseau qualité de 700 points, alors que la surveillance qualité DCE ne s'exerce que sur 40 d'entre eux. « Avec un point de mesure tous les 2 km, nous quadrillons la nappe. Notre objectif est d'acquérir une connaissance patrimoniale au-delà des obligations réglementaires », précise Emmanuelle Witz, chargée de mission qualité à l'Aprona. Nitrates, phytosanitaires, chlorures et composés organiques volatils d'origine industrielle sont suivis depuis 1991 par des inventaires actualisés tous les six ans. Outre donner l'évolution du profil qualité des aquifères et leur état de recharge, ces mesures permettent d'élaborer des modèles de nappes, qui représentent de véritables outils d'aide à la décision pour les gestionnaires. Les modèles hydrogéologiques reproduisent par des équations mathématiques les propriétés d'écoulement des eaux souter-raines entre des mailles en deux ou trois dimensions. Ils peuvent aller jusqu'à fournir des données sur le comportement de certains polluants comme les nitrates. La modélisation des pesticides reste encore un sujet de recherche à cause de la formation de nombreux métabolites qui brouillent l'interprétation. Le BRGM, chargé de l'exploitation du réseau piézométrique DCE, intervient aussi en appui auprès des agences de l'eau. « Nous modélisons en moyenne 4 à 5 aquifères par an en région. C'est souvent le temps qu'il faut pour collecter les données représentatives de la géométrie des couches et caler le modèle. C'est long mais cette étape est indispensable sur des nappes à enjeux », souligne Nathalie Dörfliger, directrice de l'eau, de l'environnement et des écotechnologies au BRGM. « Entre 2006 et 2009, nous avons élaboré 70 scénarios de gestion quantitative de la nappe grâce à notre modèle. Ce qui nous a aidé à fixer le nouveau volume maximum prélevable dans la nappe, ramené de 164 000 m3 /jour à 140 000 m3 /jour », explique Agnès Saïzonou, directrice d'Aquibrie qui s'est doté l'hiver dernier d'un nouveau modèle qualité élaboré par Armines. En Alsace, l'Aprona gère deux modèles couvrant 2 800 km2 de nappe : Life, modèle hydrodynamique 2D monocouche et un modèle 3D multicouche, Logar-Monit, pour évaluer l'évo-lution des nitrates jusqu'en 2050. « Sur un an, nous faisons tourner une petite dizaine de modèles sur des projets pouvant s'étendre sur 1 500 km2 . Nous mettons ces outils à disposition gratuite des aménageurs », souligne Emmanuelle Witz.