Avec moins de 10 % des compteurs de première prise télérelevés en France, d'après les chiffres de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), le marché est attractif pour les leaders de l'eau. Seul Saur reste aujourd'hui discret sur son offre en cours d'évolution. De son côté, Veolia Eau a passé la main en 2010 à M2ocity, filiale créée à parts égales avec Orange. Opérateur de télérelève, M2ocity vend un abonnement à son réseau télécom qui opère avec des compteurs de marque Homerider et Wavenis sur la bande de fréquence 868 MHz. « Nous pouvons raccorder tous types de compteurs intelligents, d'eau, de gaz, d'électricité et de capteurs environnementaux. Cette interopérabilité permet de mutualiser les objets raccordés et d'optimiser le prix du service », souligne Pierre-Yves Senghor, directeur marketing de M2ocity. La société affiche sur sa deuxième année d'exercice un chiffre d'affaires de 16 millions d'euros et 750 000 compteurs d'eau télérelevés en France. Ondeo Systems, filiale de Lyonnaise des Eaux (Suez Environnement) créée en 2009, annonce pour sa part 900 000 compteurs télérelevés vendus en France dont 650 000 opérationnels. Quand elle table sur un développement de 250 000 nouveaux appareils, M2ocity avance quant à elle 300 000 à 400 000 nouveaux compteurs par an.
Si les deux concurrents se livrent à une bataille des chiffres, chacun revendique un positionnement stratégique. La technologie de radio longue portée sur laquelle s'appuie la filiale de Lyonnaise repose sur la fréquence 169 MHz. Elle utilise les compteurs communicants de Sappel, Itron, Elster et Sensus. Son offre est double. Elle propose tant la fourniture du réseau de communication qu'un service complet comme opérateur. « Nous sommes le seul à offrir la possibilité aux collectivités d'exploiter la télérelève elles-mêmes, par acquisition d'une licence de notre logiciel. Nous pouvons aussi étendre la gamme des solutions exploitées si les clients nous le demandent », affirme Farrokh Fotoohi, directeur général de Ondeo Systems.
Pour Pierre-Yves Senghor, le modèle proposé par M2ocity « permet aux collectivités de s'affranchir des coûts d'investissement dans le réseau télécom ». Mais Régis Taisne, de la FNCCR, affiche un certain scepticisme : « Lorsque la collectivité n'est pas propriétaire de son réseau, elle est captive de son opérateur de télérelève. On ne peut pas parler d'interopérabilité du réseau à partir du moment où, pour changer d'offre, il faut changer d'équipements. Plus globalement, la télérelève reste chère pour les usagers et pas toujours adaptée, notamment en milieu rural ».
La standardisation des protocoles de communication à l'étude au sein du groupe de travail de l'Afnor E17Z pourrait cependant favoriser une réelle interopérabilité. Elle se traduit déjà pour le gaz par le projet de télérelève Gazpar déployé par GrDF.