Fin 2010, Orange et Veolia Eau créent ensemble M2ocity, le premier opérateur télécom exclusivement consacré aux objets communicants « Machine to Machine » (M2M). Son métier : concevoir, financer, exploiter et maintenir l'infrastructure télécom locale, à laquelle peuvent se raccorder toutes sortes d'objets communicants, notamment des compteurs d'eau. L'architecture du réseau de télérelevé de M2ocity est constituée de passerelles (ou concentrateurs) situées sur des points hauts (M2ocity les recherche et négocie l'hébergement) et de répéteurs. Ces derniers sont des relais indispensables pour acheminer les informations émises par les compteurs d'eau communicants qui sont généralement situés en sous-sol. Pour les compteurs d'eau, ses réseaux utilisent la bande de fréquence 868 à 870 MHz et deux protocoles (Homerider et Wavenis). La société M2ocity propose à leurs gestionnaires le télérelevé comme un service télécom, sous la forme d'un abonnement pour chaque compteur communicant. Elle s'est donc dotée de puissants serveurs télécoms sécurisés et à capacité industrielle pour collecter le flux énorme des trames radio émises quotidiennement par tous les objets raccordés au télérelevé. En tant qu'opérateur télécom, M2ocity assure aussi dans son centre de Lyon la supervision continue du fonctionnement télécom de tous les réseaux locaux de télé-relevé, indispensable pour garantir la qualité du service. Aujourd'hui, M2ocity est le leader de ce mode opératoire en France, avec plus de 700 000 compteurs d'eau communicants raccordés et supervisés. Ils transmettent quotidiennement près de 16 millions de trames radio restituées ensuite aux services de l'eau (délégataire privé ou régie). La Codah (243 348 habitants sur 17 communes) intervient comme autorité organisatrice de la production, distribution et du traitement des eaux. Elle est également, au travers de la régie des eaux, exploi-tante de réseaux de distribution de l'eau potable avec un parc très important de plus de 100 000 compteurs. En 2012, le modèle innovant de service de télérelevé proposé par M2ocity l'a convaincu de mener le plus grand projet de télérelevé des compteurs d'eau lancé par une régie en France. Son objectif est d'assurer deux facturations par an mais seulement sur index réel et sans aucun dérangement lié à la relève. Elle cherchait aussi à mieux informer les usagers grâce à un compte en ligne affichant la consommation quotidienne et les alerter rapidement en cas de fuite après compteur ou autre anomalie. Il s'agissait enfin de renforcer la performance opérationnelle d'exploitation du réseau d'eau : moderniser les outils, les tâches des agents et tout le processus de relevé et facturation des consommations. La Codah s'est fixé un rendement de réseau de 85 % d'ici à 2017. Cela se fera grâce à un suivi régulier des volumes mis en distribution, corrélés avec ceux comptabilisés chez les abonnés pour localiser les fuites sur le réseau. Face aux enjeux d'un grand projet de télérelevé, la Codah a étudié pendant une phase préparatoire de trois ans les différentes options pour la mise en place de compteurs d'eau communicants et du service de télérelevé associé. Elle a notamment analysé l'intérêt d'un investissement direct du service de l'eau dans une infrastructure télécom sujette à l'obsolescence et réservée au seul télérelevé des compteurs. Un point-clé a orienté son choix, celui de l'interopérabilité du télérelevé avec M2ocity. En effet, cette société raccorde au télérelevé tous types de compteurs communicants (eau, gaz, électricité) et aussi d'autres objets communicants. Cela permet, d'une part, d'instrumenter de façon économique et fiable le réseau d'eau ou d'assainissement, avec des équipements communicants pour en améliorer l'exploitation, comme les prélocalisateurs acoustiques qui détectent les fuites sur le réseau. D'autre part, les interventions sont mieux ciblées, grâce notamment à des débitmètres qui suivent précisément les volumes mis en distribution. À Beaune, par exemple, l'instrumentation du réseau d'eau avec des équipements communicants via le télérelevé M2ocity a permis à l'exploitant de gagner 11 % sur le rendement en deux ans. Il a ainsi économisé 350 000 m3 d'eau. Autre point-clé, le service de télérelevé M2ocity est ouvert. Tous les acteurs intéressés peuvent en bénéficier. Ainsi, les entreprises, commerces, syndics ou bailleurs sociaux peuvent mettre en place un suivi énergétique ou multi-fluides dans leurs bâtiments. Les villes et leurs opérateurs urbains bénéficient quant à eux non seulement d'un suivi de la pollution de l'air par quartier, mais aussi de celui du niveau de bruit dans la rue et de solutions à base d'équipements communicants pour optimiser la collecte des déchets recyclables ou la gestion de l'éclairage public. À Metz, où le télérelevé opéré par M2ocity est en place pour le service de l'eau, la municipalité a lancé un programme de télérelevé des consommations énergétiques et de rénovation des bâtiments communaux. L'enjeu de ce programme d'efficience énergétique est de 15 millions d'euros. Ainsi, à l'issue d'une consultation qui a réuni quatre acteurs majeurs du secteur, la Codah a retenu M2ocity en groupement avec Veolia Eau région Nord-Ouest pour la fourniture d'un service de télérelevé pour 105 000 compteurs d'eau communicants, ce sur une durée de 10 ans. Le coût du service de télérelevé, inférieur à 1 euro par mois et par usager est répercuté sans hausse de prix de l'eau, la Codah ayant anticipé le financement. Le déploiement, sur quatre ans, prévoit le remplacement des compteurs d'eau actuels par des compteurs d'eau communicants (compteurs Itron et Sappel équipés de modules communicants Homerider). En parallèle, M2ocity finance, installe puis opère l'infrastructure télécom locale pour le télérelevé. Son savoir-faire consiste à optimiser l'infrastructure ainsi que les prestations associées de collecte et de supervision télécom pour rendre disponibles sur tout le territoire havrais les nombreux services M2M innovants associés au télérelevé.