Au grand soulagement des riverains, les travaux de comblement de la bétoire de La Houssaye entrepris cet été devraient permettre d'assurer un écoulement pérenne à la Risle. Un effondrement karstique s'était brutalement produit en juillet 2012 au beau milieu de cette rivière de l'Eure, engouffrant la totalité de son débit et provoquant un assec de près de 12 km ! « C'est un phénomène lié à la géologie crayeuse de la Normandie. L'alimentation par la rivière d'une zone d'infiltration dans son lit, conjuguée à une situation de nappe basse, a provoqué l'ouverture d'une perte (ou bétoire) et la disparition des eaux dans le sous-sol », explique Pierre-Yann David, hydrogéologue régional au BRGM Haute-Normandie.
Cet hiver, l'écoulement s'est rétabli grâce à l'augmentation des débits, dépassant la capacité d'engouffrement de la bétoire. Mais avec le retour de l'étiage estival, les habitants de la vallée redoutaient de revivre le traumatisme de l'année dernière : leur belle rivière à sec et des centaines de poissons pourrissant au soleil. Faut-il intervenir sur l'évolution naturelle de cette rivière karstique ? Quel type de travaux réaliser ? Ces réflexions ont conduit le BRGM, l'agence de l'eau Seine-Normandie et le conseil général de l'Eure à créer début juillet 2013 un observatoire pour mieux comprendre les relations entre le karst et la rivière. Des mesures (géophysiques, hydrobiologiques, débitmétriques), explorations et analyses seront menées ces deux prochaines années, en partenariat avec l'État (Dreal, Onema, ARS), le laboratoire de géologie de l'université de Rouen, le comité départemental de spéléologie et la fédération départementale de pêche et protection des milieux aquatiques.
À la mi-juillet, le préfet a finalement autorisé des travaux de comblement partiel, sous maîtrise d'ouvrage de l'association syndicale autorisée de la Risle. Après avoir dévié la rivière vers un bras de dérivation creusé en parallèle, des enrochements massifs (de l'ordre du mètre) ont été déposés dans le puits entonnoir de la perte. Ces blocs infiltrants autobloquants sont destinés à stabiliser l'effondrement, tout en conservant à la bétoire une certaine capacité d'absorption. Des blocs de granulométrie décroissante ont ensuite permis de retrouver le niveau d'origine du fond du cours d'eau. Selon Régis Royer, technicien rivière de l'association, « la Risle retrouvera un profil naturel lors des premières crues automnales ».
Rien ne garantit cependant que cet aménagement soit efficace, ou qu'une nouvelle bétoire ne s'ouvre à proximité : les écrits historiques relatent plusieurs épisodes d'assec et de nombreux travaux pour tenter d'y remédier.