Avec l'imperméabilisation galopante des sols, les flux d'eaux pluviales collectés par temps de pluie par les réseaux n'ont cessé de croître, provoquant inondations et pollution du milieu récepteur. Face à ce constat alarmant, la stratégie du tout tuyau est remise en question depuis une vingtaine d'années. Au lieu de concentrer les flux, l'objectif est de reperméabiliser les espaces urbains et de redonner sa place à l'infiltration naturelle des eaux de ruissellement. Ces réflexions ont permis le développement des techniques alternatives basées sur deux principes : d'une part, le stockage pour contrôler les flux et les rejeter à débits limités dans le milieu ou dans le réseau, et d'autre part, l'infiltration. « Les techniques de stockage ont été largement utilisées depuis plus de vingt ans avec la création de grands bassins de rétention connectés aux réseaux. L'infiltration a toujours suscité un peu plus de retenue de la part des aménageurs et a correspondu au départ à des spécificités plus locales comme pour le Grand Lyon dont la topographie très plate de sa zone Est a largement joué en faveur du développement de l'infiltration », juge Sylvie Barraud, directrice de l'Othu (observatoire de terrain en hydrologie urbaine) et professeur en hydrologie urbaine à l'Insa de Lyon.
Pour infiltrer les eaux pluviales, différentes techniques sont possibles : puits, noues, tranchées d'infiltration, plateformes filtrantes ou chaussées à structures réservoir. « Avec ces ouvrages, on refait de l'espace public. Un bassin d'infiltration peut être intégré à un parc. Des noues sur un nouveau lotissement ont également un rôle de trame verte et bleue. On est vraiment sur des ouvrages plurifonctionnels. » Reste à être vigilant sur leur conception et sur leur entretien pour conserver la perméabilité des sols. Au sein du Groupement régional de recherche Rhône-Alpes sur les infrastructures et l'eau ( Graie), l'Othu travaille depuis 1999 sur l'impact des rejets urbains par temps de pluie.
Et l'impact de l'infiltration sur les milieux est toujours au cœur de ses recherches via onze bassins d'infiltration instrumentés et suivis. « Nous avons observé que les polluants de type métaux lourds ou hydrocarbures sont retenus par le sol et ne passent pas dans les nappes. En revanche, la pollution dissoute (pesticides) pourrait réussir à les contaminer. Nous allons donc poursuivre nos études sur le comportement des substances prioritaires et des pathogènes mais également étudier l'impact de l'infiltration de l'ensemble de petits systèmes d'infiltration d'une ville sur le régime global d'écoulement à l'échelle du bassin-versant », précise la directrice de l'Othu.