L'Aquitaine, sa forêt des Landes, ses produits de terroir et… ses thermes. La région abrite le plus grand nombre de stations thermales de France : pas moins de dix villes sont des villes d'eau. Et, le plus souvent, la nécessité de fournir une eau à la bonne température pour les soins, en général entre 28 et 36 °C, qu'il faut refroidir avant utilisation (sa température de captage peut atteindre 62 °C) et souvent rejetée encore chaude dans le milieu. Si on ajoute la ventilation, le contrôle de l'humidité et l'impact sur l'environnement du rejet, tous les ingrédients sont là pour réfléchir à un programme d'efficacité énergétique.
C'est le but du projet lancé en 2010 par le cluster Aqui O Thermes, qui réunit vingt-deux des vingt-cinq établissements thermaux autour de la promotion du thermalisme. « Dix-huit établissements ont commencé par un audit “maison” de leur potentiel énergétique, à partir d'un questionnaire détaillé », explique Laurence Delpy, directrice du cluster Aqui O Thermes. Pour la moitié d'entre eux, le potentiel de l'énergie géothermique disponible est supérieure aux consommations de gaz actuelles. Pour aller plus loin, le cluster lance une démarche collective de prédiagnostics, une action récompensée par un prix des Eco Maires fin 2013.
Le prestataire principal en est le cabinet d'ingénierie William Terry Conseil, également membre du cluster. « L'objectif est que dix établissements aient réalisé un prédiagnostic d'ici à la fin de l'année. Neuf l'ont déjà fait », se réjouit Laurence Delpy. Il faut dire que les conditions sont alléchantes : le prédiagnostic est financé à 50 % par l'Ademe, ramenant le coût à un peu plus de 2 000 euros. « Ensuite, les travaux peuvent être soutenus par des aides régionales au thermalisme, avec des subventions à hauteur de 25 %, plafonnées à 200 000 euros », indique Laurence Delpy.
Les thermes Borda se sont lancés en premier, en commençant par l'isolation des étuves de péloïdes (boues) pour les maintenir à la bonne température, ce qui a réduit la consommation en eau chaude de 200 à 70 m3 /jour. Les 30 000 euros investis ont été rentabilisés en seulement six mois. Par ailleurs, des échangeurs de chaleur peuvent remplacer des solutions empiriques mises en œuvre actuellement. En effet, l'eau de ville est utilisée comme évacuateur énergétique pour refroidir l'eau chaude, avant d'être rejetée dans les égouts. Ainsi, les thermes Borda ont acheté deux anciens châteaux d'eau à la ville de Dax pour y stocker l'eau chaude et y installer un système de récupération de chaleur. L'investissement de 1 million d'euros sera amorti en trois ans. « En avril, avec les premiers retours, nous comparerons les consommations des thermes et identifierons les bonnes pratiques », souligne Samy Pierre, consultant au cabinet William Terry conseil, en charge de l'environnement et la gestion de la qualité.