Deux ans après la parution du décret invitant les collectivités à mettre en œuvre des plans d'actions pour améliorer les rendements dans les réseaux de distribution, la situation est presque au point mort pour 60 millions de consommateurs. Son enquête sur l'état du patrimoine de distribution d'eau potable dans cent une préfec-tures de France et réalisée avec l'appui de la Fondation Danielle Mitterrand-France Libertés révèle que deux préfectures sur trois ne respectent pas l'objectif de ren-dement fixé par la loi Grenelle II (il est en moyenne de 85 %). Paris, Reims ou Blois font par-tie des villes les plus économes (4 à 8 % de pertes). À l'opposé, Digne-les-Bains accuse le taux le plus élevé de pertes (54 %), devant Bar-le-Duc (48 %), Nîmes (37 %) ou Tulle (36 %). « Ces taux de perte, les opérateurs privés en ont conscience. Pour qu'ils puissent agir, les contrats de délégation doivent intégrer un objectif d'amélioration du rende-ment et de réduction des fuites tout en confiant clairement à l'opérateur une mission de gestion patrimoniale du réseau », conseille Tristan Mathieu. À titre d'exemple, le délégué général de la Fédération des entreprises de l'eau (FP2E) cite l'engagement pris par Veolia Eau d'atteindre un rendement de 87 % en 2018 dans son nouveau contrat avec le Grand Lyon. « Et dans des contrats en cours, c'est toujours possible par avenant » ajoute-t-il. 60 millions de consommateurs évalue entre 100 000 et 200 000 euros par kilomètre le renouvellement d'une canalisation en milieu rural et entre 400 000 et 800 000 euros en ville. Pour Emmanuel Poilane, directeur de la Fondation Danielle Mitterrand-France Libertés, citant en exemple Vendée Eau, la seule issue possible en ces temps de disette budgétaire consiste donc à « mutualiser les moyens, à regrouper les services en mettant tout le monde autour de la table, élus et délégataires ». Un appel à plus de péréquation est donc formulé, pour éviter que l'écart se creuse entre collectivités. « Car plus les élus attendent, plus la situation s'aggrave. »