Placés après les usines, et en amont du réseau de distribution sur des points d'altitude stratégiques (réservoirs de tête, de première et seconde élévations), les réservoirs d'eau potable possèdent deux fonctions. D'une part, ils permettent de stocker un volume d'eau tampon pour assurer la distribution en cas d'urgence (pollution, casse sur le réseau, etc.) et d'autre part, ils fournissent la pression nécessaire pour acheminer l'eau sur le linéaire du réseau. Logiquement, plus la hauteur d'eau est élevée dans un réservoir, plus la pression de l'eau sera forte en sortie. Comptez, pour obtenir une pression d'un bar chez l'abonné, 10 mètres de surélévation au niveau du réservoir. Quand la topographie le permet, des réservoirs semi-enterrés sont construits en point haut pour assurer au maximum une distribution gravitaire de l'eau dans le réseau. Dans certains cas, sur un secteur plat notamment, seules les tours permettent d'assurer la pression nécessaire. Mais lorsque le réseau est très long, ou pour alimenter des abonnés situés sur des points plus hauts que celui du réservoir, des surpresseurs sont malgré tout nécessaires en sortie des cuves. Tous ces ouvrages - dont la majorité a été construite en France entre 1950 et 1980, pendant la phase d'expansion de la consommation en eau potable - sont soumis à une obligation d'entretien annuel inscrite à l'article R. 132156 du Code de la santé publique. Ils doivent ainsi être vidés, nettoyés, rincés et désinfectés, au moins une fois par an.
Les exploitants en charge de la distribution de l'eau potable planifient ces opérations d'entretien sur l'année. Dans le Sud-Ouest, la Régie des eaux de Dax possède deux châteaux d'eau de 1 000 m3 et 1 500 m3 , directement alimentés par les forages, et un ouvrage semi-enterré de 2 500 m3 construit plus récemment.
« Grâce à cet ouvrage, nous avons pu doubler le volume de stockage pour garantir l'alimentation de nos abonnés en période de pointe. Et lorsque nous procédons à l'entretien annuel, toujours planifié avant l'été, nous pouvons jongler entre nos trois ouvrages, en fermant l'un pendant que les deux autres assurent l'alimentation », précise Marc Brasquet, le responsable du centre d'exploitation, qui réalise en interne l'entretien de ses réservoirs au premier trimestre de l'année, sur une durée de trois semaines (une par réservoir).
Chez Saur, le centre Rhin Rhône gère entre 550 à 600 ouvrages de stockage dans le cadre de ses contrats de délégation sur le quart nord-est de la France. Les campagnes annuelles d'entretien sont enregistrées sur les bases de données du centre de pilotage opérationnel, et sont préplanifiées chaque année sur la base des résultats de l'année précédente. Sur ce secteur, la majorité des réservoirs est entretenue directement par les équipes de Saur via 3 techniciens équipés des moyens nécessaires (camionnette, pompe à haute pression, bac de rinçage et produits chimiques). « Chaque technicien tourne sur son secteur géographique, et réalise plusieurs réservoirs par semaine. Ce sont des missions effectuées toute l'année au quotidien, à l'exception de quelques semaines l'été où nous évitons de planifier la vidange de certains réservoirs stratégiques », précise Laurent Camaille, responsable technique d'exploitation au centre Rhin Rhône de Saur. Le Syndicat des eaux de la Vienne ( Siveer), qui travaille lui aussi avec ses propres équipes sur la majorité de ses 140 réservoirs, prévoit l'entretien du parc les saisons creuses, au printemps et à l'automne.
Sur ces interventions planifiées, la préparation des opérations est primordiale pour limiter au maximum le temps d'immobilisation des ouvrages. En effet, pour un grand nombre de collectivités, le schéma d'alimentation en eau potable repose sur un réservoir pour une commune, voire avec le développement des intercommunalités, sur un seul réservoir pour plusieurs petites communes. « Cette étape de préparation en amont s'est améliorée, et le récent guide de l'Astee met l'accent sur son importance. », juge Jean-François Renard, expert distribution de l'eau à la direction technique de Lyonnaise des eaux, qui a collaboré à la rédaction dudit guide Réservoirs et canalisations d'eau destinée à la consommation humaine : inspection, nettoyage et désinfection, publié en juin 2013.
Une fois la date d'entretien programmée, les points clés de cette phase d'élaboration concernent l'information des usagers par les maires, mais également celle des services incendies et de tout le service technique de l'eau.
Au niveau des réservoirs, il s'agit d'organiser le by-pass de l'ouvrage, en dérivant le flux d'eau durant le temps de l'opération, et en lançant la vidange des cuves concernées au bon moment. « On laisse les réservoirs se vider avec la consommation des abonnés pour ne pas gâcher l'eau produite et traitée. Une fois que le niveau bas est atteint, on arrête juste de les remplir pour que les équipes chargées de l'entretien les trouvent bien vides le jour J. Nous devons donc anticiper le temps nécessaire à la vidange, de 1 à 3 jours selon la capacité de la cuve et la consommation », explique Laurent Camaille, chez Saur.
Un travail de routine pour les exploitants habitués à piloter la fluctuation du niveau d'eau (marnage) de leurs réservoirs.