Créé par le conseil général de l'Eure (CG 27) en partenariat avec l'agence de l'eau Seine-Normandie (AESN), la chambre d'agriculture de l'Eure (CA 27) et les collectivités concernées, l'observatoire départemental des points d'eau classés fournit des indicateurs aux collectivités pour mesurer l'efficacité des actions agricoles qu'elles mettent en place dans leurs aires d'alimentation de captage (AAC).
Depuis 2012, il assure un suivi de la qualité de l'eau aux captages par des analyses mensuelles de nitrates et de près de 400 molécules phytosanitaires. « L'inertie de la nappe de la craie empêche toutefois de constater immédiatement l'efficacité des actions sur les eaux prélevées », indique Jérôme Ratiarson, chargé d'études eaux souterraines à l'AESN. Pour appréhender l'effet de l'évolution des pratiques agricoles, des carottages à la tarière sont réalisés tous les ans sur certaines parcelles des AAC. Les teneurs en azote contenues dans les sols y sont mesurées, avant et après la période hivernale de recharge des nappes, afin d'estimer les pertes potentielles vers les eaux souterraines. En effet, ces analyses de reliquats entrée hiver (REH) et sortie hiver (RSH) sont à la base du calcul de la quantité d'azote lessivable, perdue pour les cultures mais contaminant les aquifères. L'objectif est de prélever 1 100 parcelles dispersées sur les 10 AAC Grenelle, soit une moyenne, représentative selon l'Inra, d'une parcelle suivie pour 50 hectares de bassin d'alimentation de captage. « Nous montons en puissance : la campagne 2012-2013 a permis de suivre environ 290 parcelles, et 560 sont prévues pour l'hiver prochain », précise Caroline Pivain-Bronnaz, responsable de l'observatoire au CG 27. Les mesures sont entièrement prises en charge. Quant aux agriculteurs qui ont mis à disposition des parcelles, ils bénéficient de conseils pour ajuster leur bilan de fertilisation. La chambre de l'agriculture de l'Eure assure l'interprétation des résultats des campagnes annuelles. « Après quelques années d'observation des reliquats, nous devrions pouvoir mettre en rapport les pratiques culturales et les concentrations sous-racinaires en nitrates qui percolent vers les nappes », explique Odile Tauvel, ingénieur méthode et référence à la CA 27. Et, par conséquent, d'évaluer les effets des actions agricoles mises en place contre les pollutions diffuses. Si aucune amélioration n'est constatée, les programmes devront être revus pour viser des objectifs de réduction de fertilisation ou de traitement phytosanitaire mieux adaptés à la vulnérabilité des ressources exploitées pour l'alimentation en eau potable.