Les traitements de potabilisation nécessitent l'emploi d'adjuvants chimiques, qui peuvent paradoxalement impacter la qualité finale des eaux traitées. De plus, ces produits, rejetés avec les eaux sales issues du process, ne sont pas neutres pour l'environnement, ce qui motive les concepteurs et les exploitants à chercher des alternatives naturelles, biodégradables et non toxiques, tels que les polymères d'origine végétale, dits biosourcés.
Après de nombreux essais en laboratoire, Veolia évalue aujourd'hui l'efficacité d'un floculant naturel dans ses usines Actiflo ultrafiltration et Actiflo filtres à sable. L'Hydrex 3842, un amidon de pomme de terre, permet d'atteindre les mêmes performances que les adjudants chimiques à base de polyacrylamides, moyennant de simples adaptations de la filière : augmentation du temps de séjour, modification de la granulométrie des filtres ou des phases de rétrolavage. Autorisé en AEP, facile à préparer (par simple dilution) et peu coûteux, « il nécessite toutefois un dosage plus important, générant un surcoût de 30 % en réactif, mais ce poste ne représente qu'environ 1 % des coûts d'exploitation », indiquait Nathalie Vigneron-Larosa, chef de projet procédés de traitement eau potable à Veolia Recherche & Innovation, lors du congrès de l'Astee en juin 2014. Les essais ne montrent pas plus de développement de biofilm qu'avec les produits couramment utilisés, ni de surconsommation de chlore ou d'augmentation du carbone organique et des sous-produits de désinfection dans l'eau traitée. L'Hydrex 3842 est déjà utilisé en routine, comme floculant de substitution, dans plusieurs installations rebaptisées Actiflo Vert. L'Institut Leibniz de recherche sur les polymères de Dresde (IPFDD), en Allemagne, met également au point une gamme de floculants biosourcés, destinés à la récupération des métaux lourds et à la séparation des huiles et des graisses. À Strasbourg, de l'autre côté du Rhin, la jeune entreprise Biodesiv a breveté un polymère vert désinfectant, à base de chitosane, un dérivé de la chitine extrait de carapaces d'insectes, de crustacés ou de certains champignons. Lauréat de nombreux concours récompensant l'innovation, ce polymère polycationique adsorbe et détruit les bactéries présentes dans l'eau. « Il peut être encapsulé dans des cartouches filtrantes adaptées aux robinets ou aux canalisations, ou encore dans des bouchons pour bouteilles en plastique », précise Quentin Courrier, directeur technique de l'entreprise. Avec ce produit désinfectant autonome, peu coûteux et ne nécessitant pas de réactif ni d'énergie, Biodesiv vise des applications dans le tourisme ou dans les situations d'urgence sanitaire.