À l'heure où le ministère de l'Écologie lance une Stratégie nationale de gestion des risques d'inondation, la région de Montpellier vient d'achever le chantier de protection le plus important de France : 48 millions d'euros ont été nécessaires pour protéger la commune de Lattes et ses 18 000 habitants.
En effet, depuis de nombreuses années, la ville est soumise à des crues conséquentes. « En 2002, 2003, ou encore en 2005, les digues ont failli être submergées », rappelle Nicolas Zumbiehl, responsable de l'unité eau et aménagement du territoire à Montpellier Agglomération. Les digues étaient capables de supporter des débits de 400 m3 /h – soit des crues d'une période de retour d'environ dix ans. Un projet a donc été lancé par la municipalité dès 2002 et réévalué en 2006 par l'Inspection générale de l'environnement (IGE). La crue centennale a ainsi été estimée à 900 m3 /s contre 600 m3 /s précédemment et l'IGE a préconisé la réalisation d'une installation capable de résister à des crues de 1 500 m3 /s.
Cet aménagement s'est alors inscrit au sein d'un premier programme d'actions de prévention des inondations (Papi), et les travaux ont été lancés dès 2007. Dans un premier temps, un chenal de 150 mètres de long a été créé pour servir de partiteur de crues en amont de Lattes. La Lironde, un petit ruisseau, a été élargie jusqu'à 200 mètres avant qu'elle ne se déverse dans l'étang du Méjean.
« Au niveau du partiteur, nous avons aménagé les digues pour les rendre déversantes. Entre 0 et 400 m3 /s, le lit du Lez est endigué. Entre 400 et 1 000 m3 /s, une partie du débit est déversé dans la Lironde. En cas de crue exceptionnelle de plus de 1 000 m3 /s, un débordement aura lieu en amont du partiteur de crue pour que le débit en aval dans le Lez ne dépasse jamais les 630 m3 /s », explique Nicolas Zumbiehl. La construction du chenal a nécessité 90 ha de terrain qui ont été acquis auprès de cent quatre-vingt-quinze propriétaires.
En aval du partiteur de crues, 12 km de digues ont été renforcés voire rehaussés. « Nous avons été très surpris par les matériaux utilisés. Les digues s'étaient beaucoup tassées et n'étaient pas étanches. Nous avons donc purgé beaucoup de matériaux », décrit Nicolas Zumbiehl. Par souci d'économies et d'écologie, les matériaux extraits du chenal ont été utilisés pour consolider ou refaire les digues. Au total, 1 million de m3 de matériaux ont été déplacés. Le chantier sur le Lez étant achevé, Montpellier Agglomération se lance désormais dans un nouveau projet sur le bassin versant de la Mosson et Villeneuve-lès-Maguelone d'un montant de 10 millions d'euros.
Dans la continuité de ce chantier d'envergure, il s'inscrira dans un second Papi, piloté par le Syble (Syndicat du bassin du Lez), qui devrait être labellisé l'année prochaine.