Désuet, le mot de fontainier ? Joël Garrigue, directeur du service des eaux d'Ille-sur-Tet (66), lui préfère le terme d'agent technique. Nicolas Jaudouin, chargé de recrutement à Veolia Eau Centre-Est, utilise « les titres d'agent ou technicien réseau ». Tandis qu'à Besançon, Christian Impéras, directeur adjoint du département eau et assainissement, parle de « plombier fontainier ». Chercheur de fuites pour Veolia dans le Doubs, Thomas Sergent accepte la filiation : « La fontainerie existe depuis qu'il y a des canalisations ! Elle recouvre juste aujourd'hui une réalité plus vaste. » Si l'appellation varie, tout le monde s'accorde sur le fait que ce métier a énormément changé. L'agent doit « garantir au quotidien la distribution de l'eau potable aux particuliers », qu'il travaille pour une collectivité ou une entreprise. « Nos agents sont équipés de smartphones ou d'outils numériques pour la télérelève, explique Nicolas Jaudouin, chargé de recrutement à Veolia Eau Centre-Est. Et leurs missions changent selon le contexte. En ville, les tâches sont plus segmentées, avec des spécialistes du raccordement, des réparations ou encore du branchement des compteurs. En milieu rural, l'agent, polyvalent, passe de la réparation au contrôle de pression. Il est en contact avec le public ou les élus. » À l'Ille-sur-Tet (5 300 habitants), les trois agents techniques interviennent du stockage au traitement. Ils branchent et réparent des canalisations, contrôlent les fuites et la pression, travaillent à la fois manuellement et sur informatique. À Besançon, en régie directe, le fontainier est « le garant de l'intégrité du réseau ». Pour le directeur adjoint, Christian Impéras, il a « notamment le rôle capital de raccorder les nouvelles installations au réseau : il doit alors rincer et désinfecter les conduites, puis tester l'eau ».Thomas Sergentet, titulaire d'un BTS de gestion et de maîtrise de l'eau, explique qu'« en dehors des opérations de plomberie, le fontainier doit vraiment connaître l'hydraulique, comprendre d'où peut venir une baisse de pression. Il doit pouvoir détecter un problème, faire la bonne manœuvre de vanne ». Et pour cela, pas de mystère pour ce professionnel qui opère sur le territoire de 50 communes : « Un bon fontainier doit maîtriser la géographie de son réseau. Être capable de signaler une erreur ou une absence sur le plan, par exemple. » « La formation de plombier est utile à l'agent, mais c'est sur le terrain que ce métier s'apprend », complète Joël Garrigue.
Autre enjeu de taille, alors que les réseaux d'eau potable en France enregistrent 20 à 25 % de pertes : la recherche des fuites. Elle est cruciale pour les agents d'Ille-sur-Tet, dont le réseau est passé d'un rendement de 41,6 à 71 % entre 2001 à 2011. Chez Veolia, c'est un métier en soi, vecteur d'innovation. « Aujourd'hui, on installe des compteurs à des points stratégiques du réseau pour cerner les fuites plus vite, explique Thomas Sergentet. Mais, dans certains villages, il m'arrive aussi de mener l'enquête auprès des habitants pour en trouver la cause ». l