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EAU

Les alkylphénols sont partout

PUBLIÉ LE 1er MAI 2015
LA RÉDACTION
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Le magazine des professionnels de l’eau et de l’assainissement.
Employés massivement depuis les années 1960, les alkylphé­ nols (AP) ont des domaines d'utilisation pléthoriques : adhésifs, peintures, matériaux de construction, blanchisseries, cosmétiques, industries textiles et papetières, pesticides… Parmi eux, les nonylphénols (NP) et les octylphénols (OP) sont les principaux métabolites, les sous­ produits de dégradation, des alkylphénols éthoxylates, inté­ grés dans la plu part des déter­ gents et produits de nettoyage industriel ou domestiques, à raison de 80 000 tonnes par an en Europe. Rien d'étonnant à ce qu'on les retrouve dans les exu­ toires des installations classées pour la protection de l'envi­ ronnement. D'après l'Ineris, les résultats intermédiaires de la deuxième campagne RSDE (recherche des substances dan­ gereuses dans l'eau) montrent que plus de 80 % des 3 400 sites suivis rejetaient des NP, environ 70 % des OP, plaçant ces molé­ cules parmi les plus quantifiées. D'origine industrielle ? Pas seulement. Selon Johnny Gasperi, chercheur au laboratoire eau, environnement et systèmes urbains (Leesu) de l'université Paris­Est Créteil, « la concentration en NP à la sortie d'une station d'épuration urbaine peut atteindre plusieurs centaines de nanogrammes par litre, et dépasser le milligramme lors des rejets unitaires de temps de pluie ». Des concentrations souvent au­delà des normes fixées par l'Europe pour ces substances dangereuses classées prioritaires : 0,3 µg/l pour les NP et 0,1 µg/l pour les OP en moyenne, 2 µg/l pour les NP au maximum. Ainsi, en 2007, les AP étaient responsables de près d'un quart des déclasse­ ments de masses d'eau du bassin Artois­Picardie. « Plus récemment, les NP n'ont été quantifiés que sur 15 % de nos cours d'eau et les OP sur 5 %, sans aucun déclassement », souligne Cédric Halkett, ingénieur expert en qua­ lité des eaux à l'agence de l'eau Artois­Picardie . Un constat par­ tagé par ses consœurs : les déclas­ sements liés aux AP reculent. Est­ce imputable à l'interdiction de leur emploi dans de multiples domaines ? Aux meilleures per­ formances des dispositifs d'épu­ ration ? « Leur compor tement ubiquiste, indépendant de la notion de pression et sans logique d'impact, rend très difficile l'interprétation de leur évolution dans les milieux aquatiques », indique Thomas Pelte, expert outils et prospective eaux superficielles à l'agence de l'eau Rhône Méditer­ ranée Corse. Côté assainissement, le projet Armistiq (amélioration de la réduction des micropolluants dans les stations de traitement des eaux usées domestiques) évalue l'efficacité des dispo­ sitifs d'épuration vis­à­vis de nombreux micropolluants, dont les AP. « Trois axes sont étudiés : les procédés complémentaires d'oxydation avancée ou d'adsorption sur charbon actif, l'optimisation des traitements secondaires existants et, enfin, les traitements biologiques et thermiques des boues », rapporte Samuel Martin, responsable du pôle traitement et valorisation d'effluents au Cirsee, le centre d'expertise et de recherche de Suez Environnement. Les AP ont tendance à s'accumuler dans les phases solides, et leur concentration dans les boues vouées à l'épan­ dage atteint parfois 400 mg/ kg, avec potentiellement des risques de relargage dans les sols et les nappes. Sont­ils également parvenus jusqu'à notre robinet ? À la demande de la Direction géné­ rale de la santé, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimen­ tation, de l'environnement et du travail (Anses) et son laboratoire d'hydrologie de Nancy (LHN) ont mené une campagne nationale d'analyses sur les ressources destinées à l'alimentation en eau potable. Choisis parce qu'ils dis­ posaient de données d'exposition représentatives, 290 sites de pro­ duction ont été suivis, sur lesquels ont été recherchées quinze molé­ cules appartenant aux familles des alkylphénols et bisphénols. Sans mettre en évidence de cap­ tages sévèrement contaminés, 18 % des échantillons d'eau brute analysés accusaient la présence d'AP et/ou BP, et trois d'entre eux dépassaient le microgramme par litre. « L'occurrence de ces molécules est beaucoup moins forte dans les eaux traitées que dans les eaux brutes », rassure Jean­ François Munoz, directeur du LHN, soulignant ainsi l'effica­ cité des filières de potabilisation. Seuls 3 % des échantillons d'eau traitée présentaient une teneur en AP et/ou BP supérieure à leur limite de quantification. Le risque sanitaire existe­t­il ? Les études épidémiologiques dispo­ nibles à ce jour sont encore trop peu nombreuses pour conclure quant à l'impact de ces compo­ sés chez l'homme. Cependant, dans le cadre de ses travaux sur les perturbateurs endocriniens, l'Anses étudie actuellement cer­ tains alkylphénols. l « Les micropolluants mis sur le devant de la scène par les médias ne sont que la partie émergée de l'iceberg des risques chimiques. Objets de pression des lobbies industriels, notamment au niveau européen, d'autres produits, pourtant très utilisés, sont actuellement peu surveillés et pas étudiés. Entre autres, les sulfonates d'alkylbenzène linéaires sont des tensio-actifs très répandus dans les détergents et les lessives (270 000 t/an en Europe). Réputés biodégradables en milieu aérobie, ils se décomposent beaucoup moins bien en conditions anaérobies. On les retrouve ainsi à des concentrations atteignant plusieurs grammes par kilogramme dans les boues d'épuration, de l'ordre du milligramme par kilogramme dans les sols épandus ou les sédiments de nos rivières. Leur toxicité est peu documentée, et les moyens d'analyse limités à quelques rares laboratoires. »
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