En France, la valeur patrimoniale représentée par les 85 000 km de réseaux d'eau potable est estimée à 168 milliards d'euros. Le rapport de densité linéaire d'habitants desservis variant d'un à six entre milieu rural et urbain, le ratio de valeur à neuf ramené à l'habitant passe du simple au double entre milieu urbain (1 646 euros) et milieu rural (3 287 euros), note l'Irstea dans une récente étude. En ce qui concerne l'assainissement, le patrimoine pèse 160 milliards d'euros pour un linéaire de 337 000 km. La charge de renouvellement par habitant est alors inversement deux fois plus importante en milieu ultra-urbain (3 594 euros) qu'en milieu ultrarural (1 936 euros), du fait d'un plus faible rapport de densité entre rural et urbain (de 1 à 2,3) et de coûts de pose plus importants en milieu urbain.
D'après les dernières données de l'Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement, le taux de renouvellement national moyen sur le réseau d'eau potable en 2011 est de 0,55 %, mais en tenant compte de la pyramide des âges des tronçons, 60 % des réseaux ont moins de 40 ans. Sur les réseaux d'assainissement, ce taux de renouvellement moyen est estimé à 0,50 %.
Pour maintenir le niveau de performance de leurs réseaux, les collectivités doivent les entretenir au quotidien, mais également anticiper sur l'avenir de leur patrimoine en programmant des investissements sur le long terme. Ces programmes sont aujourd'hui élaborés avec des objectifs de performance qui ne se limitent plus à l'âge des canalisations. Il s'agit alors de bien connaître ses réseaux, d'identifier les priorités technico-économiques de la collectivité pour mettre le curseur financier au bon endroit. Pour les accompagner, l'Irstea a évalué en septembre 2014 les stratégies de financement optimales du renouvellement des réseaux d'eau potable entre effort intergénérationnel uniforme, mode de financement à coût nul et recours systématique à l'emprunt. « Nous avons mesuré les effets de trois critères sur ces stratégies : coût économique du financement, variation du prix de l'eau, équité entre générations d'usagers », explique Christophe Wittner, du laboratoire de gestion territoriale de l'eau et de l'environnement (UMR Geste-Engees) à l'Irstea, auteur de l'étude. Finalement, aucune stratégie ne s'impose to ta lement et il manque une ingénierie financière et la possibilité de placer l'épargne. En outre, comme l'observe Régis Taisne à la FNCCR, les subventions ont presque disparu des financements possibles pour le renouvellement des réseaux. D'où l'importance d'une programmation au plus près des besoins.