Le Syage, syndicat mixte pour l'assainissement et la gestion des eaux du bassin-versant de l'Yerres (85 communes, 21 EPCI), possède trois compétences : l'assainissement, la gestion des eaux et la mise en œuvre du schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage) de l'Yerres. Fort de 1 300 km de réseaux d'assainissement séparatif non visitables s'étendant sur 18 communes d'Île-de-France, son patrimoine comprend 600 km de réseaux d'eaux pluviales, 600 km de collecte d'eaux usées et 100 km de réseaux structurants qui permettent le transport des eaux usées d'environ 260 000 usagers vers la station d'épuration de Valenton.
La démarche de gestion patrimoniale du Syage a débuté en 1994 avec la mise en place d'un système d'information géographique (SIG) et d'un service cartographie aujourd'hui constitué de cinq agents topographie et géomatique. À la suite de la reprise des réseaux de collecte communale en 2000, le syndicat a dû faire face à une augmentation importante de son linéaire et à une absence de données patrimoniales. Un service spécifique pour gérer les réseaux récemment acquis (environ 1 000 km) a donc été créé en 2002 pour permettre au syndicat de s'approprier le patrimoine et d'identifier les problèmes récurrents. Un programme d'investigation, essentiellement défini par les dysfonctionnements constatés sur le terrain et les impératifs liés aux programmes de voirie, a ainsi été lancé.
Conscient que le patrimoine des réseaux est un élément clé de la gestion des eaux, le Syage a poursuivi sa démarche avec l'ambition d'élaborer une stratégie de gestion fondée sur le principe : « surveiller, intervenir et investir au bon endroit et au bon moment ». La volonté de construire un programme d'action ciblé avec un budget limité a soulevé deux questions essentielles : comment estimer le besoin en renouvellement de conduites et avoir une visibilité budgétaire à long terme pour maintenir le patrimoine en état et comment orienter le travail des communes en matière de voirie au vu de l'état des infrastructures sous-jacentes plutôt que d'intervenir au coup par coup.
L'élaboration de cette politique a réellement commencé en 2008 avec l'intégration du diagnostic structurel au contrat de délégation de service public Lyonnaise des eaux pour l'exploitation du réseau d'eaux usées, ainsi qu'avec la signature de la charte qualité des réseaux d'assainissement et d'eau potable de l'Astee, l'objectif étant de réaliser des travaux de création ou de réhabilitation durables. En 2011, le diagnostic structurel a également été intégré au marché d'entretien des réseaux pluviaux. Le syndicat a recruté une élève ingénieur de l'Engees en contrat d'apprentissage pour trois ans afin d'accélérer la démarche. Durant cette période, le Syage a ainsi pu améliorer la connaissance de son patrimoine, définir des outils précisant son état et les risques qui y sont associés et élaborer des programmes d'inspection rationnels. Grâce à l'ensemble de ces données, il a finalement été possible d'établir un plan pluriannuel de renouvellement courant jusqu'en 2019.
Le programme de renouvellement a été majoritairement construit à partir du diagnostic structurel des réseaux au moyen d'une démarche en deux grandes étapes. Une évaluation de la vulnérabilité des collecteurs a été réalisée dans un premier temps par analyse multicritères. Cette dernière prend en compte des facteurs de risque liés à la fois à la structure du collecteur (diamètre, âge, profondeur, etc.) et à l'environnement dans lequel il a été posé (végétation, trafic, urbanisation, etc.). Une campagne d'inspection au vidéopériscope (IVP) a été menée dans un second temps à raison d'une IVP pour un regard sur trois, l'objectif étant alors d'obtenir une évaluation rapide de la dégradation des réseaux. La gravité des désordres observés lors de l'inspection se traduit par une note d'état structurel. Le croisement des données de vulnérabilité et des notes de l'état des collecteurs permet ainsi d'élaborer une stratégie de programmation des inspections télévisées (ITV) à long terme et de cibler les collecteurs les plus sensibles. En complément du chiffrage des travaux de réhabilitation à réaliser sur la zone, une note d'état structurel globale est attribuée à chaque linéaire concerné par une ITV. Une hiérarchisation des travaux de renouvellement basée sur les désordres effectivement constatés dans des secteurs à risque est alors possible. Les programmes pluriannuels d'inspection ont été lancés en 2013 et les premiers résultats des inspections ciblées ont pu être analysés en 2014. Afin de mettre en œuvre une démarche de re nouvel lement cohérente, des inspections sont désormais réalisées sur l'ensemble des branchements connectés à un réseau concerné par une ITV. Cette évolution permettra notamment d'affiner les budgets de travaux sur le long terme. La construction du programme pluriannuel d'investissement (PPI) doit cependant prendre en compte des enjeux tels que la lutte contre les inondations, la mise en séparatif ou les aménagements liés à l'urbanisme qui représentent encore une part importante du budget d'assainissement.
Néanmoins, la mise en œuvre du diagnostic structurel et des programmes pluriannuels d'ITV offre une meilleure connaissance des besoins en matière de renouvellement et de vulnérabilité des réseaux. Grâce à cette vision à long terme, il sera possible de mieux anticiper les contraintes liées au programme de voirie ou aux projets d'urbanisme. Désormais, la part du budget consacré au renouvellement des réseaux augmente régulièrement. La réhabilitation des réseaux, qui ne représente que 3,6 % du budget travaux total en 2015, occupera près de 30 % du budget prévisionnel de travaux en 2018. Ces sommes ne permettent toutefois pas de maintenir un rythme suffisant pour un renouvellement sur soixante ans. Pour renouveler à la fois le réseau pluvial ancien et le réseau d'assainissement prioritaire afin de lutter contre la pollution et les eaux claires parasites, le taux de renouvellement devra encore s'accélérer jusqu'en 2035.