Encore controversées, les techniques non conventionnelles (TNC) de limitation du tartre ou du biofilm dans les canalisations d'eau peinent à se développer. Début 2015, le 16e Carrefour des gestions locales de l'eau y consacrait un atelier, l'occasion de faire le point sur ces procédés physiques mal connus. Magnétisme ou électromagnétisme, électrolyse, résines catalytiques macroporeuses : tous présentent l'avantage de n'utiliser aucun réactif chimique, mais les exploitants de réseau restent frileux lorsqu'il s'agit de les mettre en œuvre. « Dans le cadre de notre groupe de réflexion sur les dépôts et les biofilms, nos adhérents avaient de nombreuses interrogations sur ces techniques », indique Sophie Altmeyer, chef de projet pour Hydreos. Le pôle de compétitivité tourné vers les métiers de l'eau en Alsace-Lorraine a donc mené une étude sur leur fonctionnement, leurs performances et les potentialités du marché. « En majorité, la bibliographie scientifique et technique disponible constate des effets sur la formation du tartre, notamment sur la nucléation, la vitesse de croissance et la forme des cristaux », rapporte Bernard Beugnet, de l'entreprise Herli, membre du comité de suivi de l'étude. Sur le terrain, la société Cofely confirme l'efficacité de certaines TNC réduisant de façon parfois impressionnante le colmatage des échangeurs thermiques à plaques de centres aquatiques ou de sites thermaux qu'elle exploite. « Au-delà de leur action sur les dépôts, ces technologies sont intéressantes car leur maintenance est simple et réduite, sans consommables ni manipulation de produits chimiques », ajoute Matthieu Kirchhoffer, expert en traitement de l'eau et risques sanitaires chez Cofely. Mais d'autres sites montrent des résultats mitigés, voire nuls, sans explications de la part des fournisseurs manquant souvent de compétences en hydraulique et en chimie.
Gage de sérieux, certains systèmes bénéficient d'une certification DVGW (la fédération allemande du gaz et de l'eau), basée sur des protocoles normés. « Le CSTB étudie la mise en place d'un banc d'essai, dans des conditions maîtrisées et reproductibles », souligne Philippe Humeau, responsable de la thématique eau au CSTB. Ce test permettra d'établir un document technique d'application précisant le domaine d'utilisation, l'efficacité et le dimensionnement d'un procédé, à la demande de son fabricant. Selon l'étude d'Hydreos, le marché des techniques non conventionnelles doit encore gagner en crédibilité pour se structurer. Sur fond de durcissement des normes sur l'utilisation des produits chimiques et leurs rejets, le contexte réglementaire semble favorable.