Les entreprises ont le choix, pour gérer leurs effluents liquides non domestiques, entre deux options. « La filière de traitement peut être installée directement sur le site avec la construction d'une station d'épuration industrielle permettant un rejet direct dans le milieu aquatique. Mais ce schéma ne concerne plus aujourd'hui que les plateformes industrielles générant de grandes quantités d'effluents, comme la chimie, le papier ou l'aéronautique. La majorité des sites réalisent un prétraitement adapté à la nature de leurs effluents pour pouvoir se raccorder à la station d'épuration urbaine », observe Christian Lecussan, président de la Fenarive, association qui rassemble en France près de 4 000 utilisateurs industriels de l'eau. Et les actions de recherche et de réduction des rejets de substances dangereuses dans l'eau (RSDE), conduites par circulaires entre 2002 et 2009, ont permis aux entreprises d'acquérir une vision plus précise de leurs impacts potentiels et de s'améliorer. « La démarche, en obligeant les industriels à surveiller leurs rejets et à améliorer la connaissance des substances présentes, conduit soit à leur substitu-tion, soit à la mise en place d'un prétraitement adapté. Sans compter les démarches de zéro rejet liquide par recyclage sur site, qui se multiplient », juge le président de la Fenarive, également membre du comité de bassin Seine-Normandie. Sur ce bassin, la pollution des industriels baisse de 4 à 5 % par an depuis plusieurs années, dont environ 2 % liés à la fermeture de sites et 3 % à l'amélioration des pratiques. « Aujourd'hui, une part significative des aides de l'agence s'oriente vers les artisans et les TPE (peintres, mécaniciens, pressings, etc.) pour la mise en place de procédés moins polluants et de traitements de leurs effluents. Par exemple, en ce moment, sur le bassin Seine-Normandie, une opération est en cours pour équiper les peintres de fontaines de recyclage des eaux de peinture », précise Christian Lecussan . Les grandes entreprises se sont également impliquées dans la mise en place de stratégies globales de management environnemental incluant l'eau. « Face à la pression sociale, les grandes entreprises ont plutôt devancé la réglementation sur la gestion de leurs effluents, en s'imposant le zéro rejet ou la détection de micropolluants de l'eau », observe Claire Tutenuit, déléguée générale de l'association Entreprises pour l'environnement (EpE), qui a publié en avril le rapport « Mesurer et piloter l'eau » pour faire un point sur les différentes démarches d'empreinte eau à l'œuvre dans une vingtaine de ses entreprises membres. « Certaines intègrent la problématique de l'eau dans leur politique générale à l'échelle du groupe alors que d'autres ciblent certains sites à problème en élaborant des indicateurs spécifiques », souligne-t-elle.