Le drone est la nouvelle technologie qui monte. La France est d'ailleurs l'un des premiers pays à s'être dotés d'une réglementation pour l'utilisation de drones civils. Désormais employés dans des secteurs comme l'agriculture, ils s'avèrent aussi très efficaces pour surveiller les châteaux d'eau, digues ou barrages. Atteindre des zones difficiles d'accès et réaliser un diagnostic rapide à un coût raisonnable sont autant d'arguments en leur faveur. « Le drone n'est qu'un vecteur, c'est le traitement des images qui est fondamental », précise Jérôme Loyer, directeur scientifique et innovation chez Ginkeo, filiale de Veolia qui a expérimenté l'utilisation de drones sur plusieurs châteaux d'eau. En effet, en survolant l'ouvrage, le drone enregistre une grande quantité d'images à partir de capteurs (caméra thermique, etc.) permettant par exemple de détecter des variations de température ou des défauts à la surface d'un ouvrage ou du sol. Mais pour réaliser un diagnostic précis et fiable, l'assemblage des images et le traitement de ces données constituent l'étape critique. C'est l'un des points clés du projet Didro, lauréat du Fonds unique interministériel (FUI), qui vise à développer une solution complète de surveillance de digues en routine et en temps de crise. « Il faut réussir à associer un drone, des capteurs adaptés et des modèles d'analyse des données développés par les chercheurs du Cerema, de l'IGN, de l'Ifsttar et de l'Irstea pour proposer un diagnostic fiable de l'état de la digue », détaille Thibaut Miquel, ingénieur d'affaires chez Redbird, fournisseur de solutions intégrées de drones, qui pilote le projet.
Certaines sociétés spécialisées dans le diagnostic des structures comme Diades proposent déjà des logiciels qui facilitent l'examen des pathologies de l'ouvrage à partir des images. Mais l'automaticité complète n'est pas encore pour demain. C'est aussi le cumul global de données recueillies dans des formats standardisés qui permettra d'enrichir les diagnostics. « On effectue un saut qualitatif et quantitatif dans la gestion patrimoniale des ouvrages en passant d'une documentation papier à l'archivage numérique de données complexes et massives », souligne Jérôme Loyer. Pour l'heure, les gestionnaires d'ouvrages restent encore frileux vis-à-vis de ces outils numériques qu'ils considèrent parfois comme des gadgets. D'autant plus que les innovations sont souvent portées par de jeunes sociétés économiquement fragiles. « Il y a une vraie attente de la part des gestionnaires de digues », assure néanmoins Thibaut Miquel. Plusieurs d'entre eux, comme la Compagnie nationale du Rhône ou la Société du Canal de Provence, ont ainsi participé à l'élaboration du cahier des charges de Didro et suivront étroitement le projet.