« Historiquement, les passes à poissons ciblaient uniquement les poissons migrateurs », explique Ludovic Cassan, chercheur au pôle écohydraulique de l'Institut de mécanique des fluides de Toulouse. Voilà pourquoi on trouve aujourd'hui en France à peine 20 passes à poissons à enrochements ou « passes naturelles » réputées pour être moins sélectives. Mais avec l'avènement de la directive-cadre sur l'eau (DCE) et les récents classements des cours d'eau, ces passes à enrochements sont de plus en plus appréciées, car elles permettent de mieux assurer la continuité écologique à un prix comparable aux passes à bassins. Néanmoins, peu d'outils existent pour dimensionner ce type d'ouvrages. Le projet « macro-rugosités », financé par l'Onema, a pour but d'étudier les caractéristiques de l'écoulement en fonction de la pente, de la disposition et de la forme des enrochements (ronds ou carrés) ou des rugosités dans le fond. Le but est de dimensionner le système pour faire circuler le plus d'espèces possible. « Avec des niveaux de pente différents dans le même ouvrage, on modifie la hauteur d'eau et la vitesse d'écoulement. Cela permet de créer plusieurs passages potentiels selon les espèces », détaille Ludovic Cassan. Un outil d'aide à la modélisation est en cours de finalisation et sera intégré au logiciel Cassiopée de l'Onema destiné au dimensionnement des passes « classiques ». Une seconde phase vise à étudier le comportement des poissons confrontés à ces ouvrages sur les sites et en laboratoire. Même si elles sont efficaces, ces passes ne pourront pas être établies partout. En effet, pour fonctionner, la pente doit être inférieure à 7 % ce qui limite leur installation à des hauteurs de chute de 2 à 3 mètres maximum. PRB