Cet été, la Ville de Rennes a attribué un marché public expérimental de 50 000 euros sur trois ans pour approvisionner les cantines municipales en lait et viande de porc. Son originalité : il encourage l'approvision nement local en sélectionnant des produits qui protègent la ressource en eau du bassin rennais. L'aboutissement d'une réflexion de plusieurs années. « En 2009-2010, j'ai fait une double constatation, retr ace Yannick Nadesan, président de la Collectivité eau du bassin rennais, qui gère la pro-duction et la distribution de l'eau potable sur le territoire. D'un côté, les agriculteurs se plaignaient des contraintes que nos programmes de protection de la ressource en eau leur imposaient, sans qu'ils y trouvent de contrepartie. De l'autre côté, dans les crèches par exemple, nous augmentions notre part de produits bio, mais en allant parfois les acheter au Canada ou aux États-Unis. Nous avons donc cherché un moyen de promouvoir les produits issus des exploitations qui font appel à des modes de production respectueux de l'eau. »
En coopération avec le service approvisionnement de la Ville de Rennes et Rennes Métropole, l'idée de lancer un marché public en ce sens se concrétise. « Le Code des marchés publics interdit l'utilisation de critères géographiques. Mais la subtilité juridique de notre marché expérimental est qu'il vise en quelque sorte l'achat de la qualité de l'eau sur le bassin rennais et non des denrées alimentaires elles-mêmes, pointe Nadège Noisette, adjointe à la maire de Rennes déléguée aux approvisionnements. Nous avons pour cela demandé aux candidats de nous fournir un diagnostic IDEA ou équivalent, qui a compté dans l'attribution de la note technique. »
La méthode IDEA, reconnue à la fois par le ministère de l'Environnement et celui de l'Agriculture, évalue en effet la durabilité d'une exploitation agricole. Elle compte notamment une vingtaine de critères spécifiques à la protection de la ressource en eau. « Pour que les agriculteurs de la région se positionnent sur le marché, un long travail a été mené en amont pendant deux ans. Un prestataire a notamment été payé par la Collectivité eau du bassin rennais pour réaliser le diagnostic dans toutes les exploitations agricoles concernées », poursuit Nadège Noisette. L'expérimentation, pour l'instant modeste, pourrait faire des émules dans la région. l