Pour pallier l'efficacité limitée des toitures végétalisées en matière de gestion des eaux pluviales, Le Prieuré lance le système « toiture hydroactive connectée », qui allie végétaux, rétention, rejet régulé et pilotage à distance. Cette toiture comporte deux bacs superposés. Le premier est un bac végétalisé classique, avec une couche drainante, un filtre, un substrat et un couvert végétal. Le second est un sous-bac de rétention d'eau.
Lorsqu'il pleut, le bac végétalisé se remplit peu à peu. Dès qu'il est gorgé d'eau, le surplus s'écoule dans le bac de rétention, possédant une capacité maximale de stockage de 50 litres/m2 . Une première singularité du procédé réside dans les mèches en microfibres qui relient les deux bacs : elles trempent dans l'eau du bac de rétention et, lorsque le soleil est revenu, l'eau remonte par capillarité dans le substrat, irriguant les plantes.
Les végétaux ont ainsi une plus grande longévité, et le coefficient de ruissellement de la toiture – le rapport entre la hauteur d'eau qui a ruisselé à la sortie de la toiture et la hauteur d'eau précipitée – diminue. Une seconde particularité du système est le régulateur à microdébit, qui permet de respecter un débit de fuite très bas de 1 litre/seconde/hectare. « Pour atteindre un si faible débit, nous avons développé un goutteur très innovant », indique Raphaël Lamé, directeur général de la société. Le système, qui flotte dans le bac de rétention, est ajustable avec quatre sorties différentes. Ici apparaît aussi une troisième spécificité de la toiture hydroactive : elle communique avec l'utilisateur. Un appareil de monitoring appelé Cactus est installé au milieu des plantes. Il mesure en temps réel la température, la quantité d'eau pluviale tombée, le volume d'eau stocké et le débit de fuite. « Le système connecté est essentiel au fonctionnement du goutteur. Sur des débits aussi faibles, le principal risque est le bouchage : il faut donc le surveiller », explique Raphaël Lamé. Cactus offre aussi la possibilité de savoir à quel moment il faut apporter un complément d'arrosage. Le système a déjà séduit plusieurs maîtres d'ouvrage, car il apporte une solution aux débits de fuite très bas de plus en plus souvent imposés par les communes, tout en procurant un confort visuel grace aux végétaux. C'est ce qui a plu à l'architecte de l'agence AARC Brigitte Bosco, qui a choisi cette solution pour les toitures-terrasses d'une crèche à Poissy (78). Enfin, l'utilisateur peut piloter l'irrigation de la toiture. Dès la fin de 2016, il devrait aussi pouvoir relarguer l'eau accumulée avant un gros orage, augmentant la capacité de rétention lorsque l'épisode pluvieux se présente. « Mais c'est compliqué à programmer, car il faut être en phase avec les données météo. Cela fait l'objet d'une phase ultérieure de développement », annonce Raphaël Lamé. CKM