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COP21 : les négociations dans la dernière ligne droite

PUBLIÉ LE 30 NOVEMBRE 2015
LA RÉDACTION
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COP 21. L’acronyme anglais est passé dans le langage courant en France. Cette « conference of parties », la vingt-et-unième du nom depuis l’adoption de la Convention sur le climat à Rio de Janeiro, en 1992, est présentée comme celle du grand départ… ou de la dernière chance. Le grand départ vers une fin de siècle sans combustion d’énergies fossiles. Ou la dernière chance pour éviter des dérèglements climatiques majeurs. Si les États se sont engagés à Durban, en 2011, à limiter la hausse moyenne des températures mondiales à 2 °C, les scientifiques plaident plutôt pour une cible de +1,5 °C. Ce qui impliquerait de réaliser des efforts de réduction des émissions encore plus rapides et contraignants. La COP 21 consacrera les engagements volontaires de chaque État. « Nous savions dès le départ que nous recevrions des propositions diverses ne comportant pas seulement des engagements en termes de réduction des émissions. Mais aussi, par exemple, des propositions sur les puits de carbone comme l’arrêt de la déforestation », retrace Laurence Tubiana, la représentante spéciale du gouvernement français pour la COP 21. Ainsi, le Gabon, le Kenya et la Russie ont inclus le rôle de leurs forêts dans leur bilan national de gaz à effet de serre. Les contributions nationales ne sont pas à la hauteur  L’ensemble des engagements des États permettra-t-il d’éviter un réchauffement supérieur à 2 °C ? Rassemblés à Paris le 7 juillet dernier, lors d’une réunion internationale autour des sciences du climat, bon nombre de chercheurs l’ont affirmé : les contributions nationales ne sont pas à la hauteur de cet enjeu, s’opposant ainsi à des spécialistes du secteur énergétique. Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), fait partie de ceux qui estiment que l’économie mondiale est sur la bonne voie : « Une étude des propositions étatiques couvrant les deux tiers des émissions mondiales indique qu’un quart de l’énergie produite en 2030 sera d’origine renouvelable. À cette date, la Chine ne dépendra plus qu’à 60 % des énergies fossiles. Aux États-Unis, en Europe, au Japon, la demande de charbon va diminuer de 45 % d’ici à quinze ans et la baisse sera de 25 % en Inde », se félicite-t-il. L’AIE plaide pour un accord international sur un pic des émissions de gaz à effet de serre à viser dès 2020, obligeant à une baisse régulière du CO2 après cette échéance avec une supervision tous les cinq ans des trajectoires nationales. Ottmar Edenhofer, chercheur au Postdam Institut, en Allemagne, ne partage pas cette vision. Ce qu’il remarque, c’est une hausse de 2,5 % par an des émissions mondiales de CO2 ces dix dernières années, pour atteindre les 49 milliards de tonnes en 2014. Or l’augmentation était moindre, autour de 1,5 % par an, durant la décennie précédente. « Nous assistons à une intensification de la consommation de carbone. On voit, par exemple, des pays en voie de développement utiliser le charbon parce qu’il n’est pas cher. Il en va ainsi de la République du Congo et du Bénin. » Le chercheur aurait également pu citer la Turquie, qui planifie la construction de plus de 80 centrales à charbon ! Éradiquer les aides aux énergies fossiles Les scientifiques se sont penchés sur le budget carbone de la planète. D’après leurs calculs, 1 000 milliards de tonnes de CO2 auraient déjà été rejetées. Pour ne pas dépasser les 2 °C, il ne faut désormais pas en émettre plus de 900 milliards. Le hic : au rythme actuel d’utilisation du pétrole, du gaz et du charbon, ce quota sera atteint dans les vingt ans à venir. Éradiquer les aides aux énergies fossiles, donner un prix élevé au carbone, contraindre les États à adopter des objectifs ambitieux – suivant des trajectoires de réduction des émissions sérieuses et contrôlables –, obliger à laisser dans le sol le pétrole et le charbon : voilà ce que préconisent les scientifiques. En fait, beaucoup de ces sujets seront traités en dehors de la grand-messe à Paris, en décembre. C’est le cas du dossier MRV, pour « measurement, reporting and verification » en anglais. Les règles pour enregistrer les baisses d’émissions de chaque pays, leur transmission à l’ONU et la vérification par les pairs de l’exactitude des données ne seront pas fixées à Paris. Et pour cause, ces questions très techniques font l’objet d’études, d’expérimentations et de calculs de coûts au sein d’organismes spécialisés à la recherche d’une méthodologie fiable, respectueuse de l’indépendance des pays, peu onéreuse et applicable en 2020. C’est le cas, en France, du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Premier obstacle : la présidentielle américaine L’enjeu de la COP 21 dépasse par ailleurs le mois de décembre. Sitôt adopté, l’accord de Paris sera confronté à des vents plus ou moins favorables. Son premier grand obstacle sera sans conteste la prochaine élection présidentielle américaine, en 2016. Le 3 août dernier, le président en exercice, Barak Obama, a présenté son plan pour une énergie propre. Celui-ci prévoit une baisse des émissions du pays de 28 % d’ici à 2030 pour le seul secteur de l’électricité. La candidate démocrate à sa succession, Hillary Clinton, ambitionne, elle, de couvrir un tiers de la production électrique des États-Unis à partir du solaire dès 2027 en multipliant par sept le nombre actuel de panneaux photovoltaïques. Mais les opposants républicains, très climatosceptiques, fustigent ces projets qu’ils jugent trop coûteux pour les ménages et dangereux pour l’emploi. Ils s’érigent au contraire en défenseurs des 1 200 centrales au charbon en activité dans le pays. L’élection de novembre 2016 aura donc des allures de référendum pour ou contre l’accord sur le climat de Paris. Lequel pourrait voir se dérober, en cas de victoire républicaine, le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre. Un sacré coup dur ! Autre source d’incertitude : la Chine L’autre source d’incertitude concerne le premier émetteur, la Chine. Après deux décennies de croissance annuelle oscillant entre 8 et 10 %, le pays aborde une deuxième phase de son développement économique. L’augmentation de son PIB ne devrait plus dépasser les 5 % par an. Selon les analystes de Natixis, elle tombera même à 3 % lors de la prochaine décennie. Or, la consommation d’énergie est en lien étroit avec l’activité économique. En 2014, pour la première fois depuis vingt ans, la Chine vu sa consommation de charbon baisser. Un phénomène qui devrait se pérenniser. Dans une note de la London School Economics, Nicolas Stern assure que le pic des émissions chinoises, promis par les autorités dans leur contribution à l’accord de Paris pour 2030, pourrait intervenir dès 2025. Ce pourrait être la bonne nouvelle de la prochaine décennie.LC
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