C'est l'une des innovations techniques majeures des dernières années dans le monde des barrages. Le Piano Key Weir a été primé lors des trophées Solutions Climat remis pendant la COP 21. Pour évacuer les crues au niveau des barrages, deux systèmes existent : les évacuateurs à seuil libre – qui ne nécessitent aucune intervention humaine car l'eau se déverse en aval lorsqu'elle atteint une certaine hauteur –, et les systèmes équipés de vannes motorisées qui ont l'avantage de maximiser le volume d'eau stocké, mais qui nécessitent une intervention humaine. Il y a une dizaine d'années, des chercheurs de l'université de Biskra, en Algérie, et d'Hydrocoop, association visant à promouvoir l'aide au développement dans l'ingénierie des barrages, ont donc imaginé le Piano Key Weir, ou PK Weir. Cet évacuateur à seuil libre est ainsi appelé car il est constitué d'une succession de bacs, rappelant des touches de piano, installés sur la crête du barrage. « La forme en créneaux augmente la surface d'échange entre l'eau et le barrage, si bien que l'on peut multiplier par quatre la capacité d'évacuation par rapport à un seuil déversant classique », explique Frédéric Laugier, responsable des structures hydrauliques au centre d'ingénierie hydraulique d'EDF qui a développé, dimensionné et construit le premier PK Weir en 2006, dans les Pyrénées. L'enjeu majeur a été de concevoir un système peu encombrant pour être installé sur la ligne de crête. « La base qui s'arrime au barrage est étroite et s'élargit aux extrémités. La moitié du PK Weir ne repose donc pas sur l'ouvrage », précise-t-il.
Le système qui convient aux barrages existants, neufs, mais aussi aux ouvrages en remblais, offre des coûts réduits. « Sur le barrage de Malarce, en Ardèche, nous avons couplé le PK Weir à un système de vannes. Dans cette zone soumise aux épisodes cévenols, les crues peuvent être très rapides. Le PK Weir va donc fonctionner immédiatement et permettre aux opérateurs de gagner du temps pour intervenir sur les vannes », ajoute-t-il. La technologie n'ayant volontairement pas été brevetée, d'autres hydrauliciens ont commencé à équiper leurs barrages partout dans le monde. Les retours d'expériences permettent aux chercheurs de réfléchir à de nouvelles améliorations pour le passage des sédiments, afin d'éviter les phénomènes de vibration de la lame d'eau ou pour accélérer les temps d'installation en préfabriquant l'ouvrage en métal. PRB