En France, sur les territoires dont le service public de l’eau potable est délégué à Veolia Eau, environ les deux tiers de la population sont desservis par une eau dure voire très dure présentant un titre hydrotimétrique supérieur à 25°F. Pour améliorer le confort des utilisateurs, Veolia propose une palette de solutions techniques à mette en œuvre selon les spécificités locales. Le groupe possède une expérience forte des traitements collectifs d’adoucissement et de décarbonatation comme la décarbonatation catalytique à la soude et à la chaux (Actina) mise en œuvre depuis plus de 20 ans et la décarbonatation par décantation lamellaire à flocs lestés (Actiflo Softening) qui ajoute une étape de clarification.La nanofiltration (Opamem-Nano) est également intéressante par sa capacité éliminer simultanément plusieurs paramètres et permettre de produire une eau totalement conforme aux exigences du Code de la Santé Publique, tout en améliorant substantiellement sa perception par le consommateur.Veolia exploite ainsi en France 7 usines de production d’eau potable par nanofiltration (6 à 3 000 m3/h) dont 3 dans le nord de la France, pour notamment abattre la dureté de l’eau de l’ordre de 10 à 60°F. La nanofiltration s’adapte à toutes les duretés d’eau pour atteindre l’objectif optimal d’une eau moyennement dure, via un TH compris entre 15 et 20 °F.Sur les 3 sites de la nouvelle région Hauts-de-France équipées de nanofiltration depuis 2011, l’abattement de la dureté varie de 10 à 40 °F selon la qualité de l’eau brute. Prélevée dans la nappe de la craie, l’eau y est naturellement riche en certains éléments (calcium, bicarbonates…) mais aussi en oligo-éléments, tels que le nickel, le sélénium, le fluor à des teneurs dépassant pour certains les limites de qualité. La mise en place de la nanofiltration a ainsi permis d’atteindre la dureté souhaitée et d’abattre les paramètres hors limite de qualité.La dernière unité de nanofiltration installée en 2015 par Veolia dans la région Hauts-de-France se trouve dans l’Aisne sur le Syndicat des eaux de Pont Oger qui regroupe 14 communes. L’usine de production d’eau potable se situe sur la commune d’Urcel (Marais des Plumats) et dessert 2 160 habitants. Le forage de Pont Oger prélève les eaux souterraines dans la nappe de la Craie, captive, dans ce secteur, sous une épaisse couche de sables et d'argiles. La configuration géologique offre une bonne protection de la ressource en eau qui se retrouve cependant naturellement riche en fer ([Fe]moy = 0,3 mg/l pour une limite de qualité fixée à 0,2 mg/l) et fluorures ([F]moy = 2,2 mg/l pour une limite de qualité de 1,5 mg/l). Elle présente une dureté élevée ([TH]moy =37°F). L’ancienne usine était constituée d’une unité de déferrisation physico-chimique à proximité du forage et elle ne pouvait pas traiter les autres paramètres. Le Syndicat a décidé lors de la réhabilitation des équipements de déferrisation de procéder aux aménagements nécessaires au traitement des fluorures afin de rendre les eaux distribuées conforme aux prescriptions réglementaires.Après étude, le choix de la technologie s’est porté sur la nanofiltration pour ses nombreux atouts. Ce procédé présente un plus faible encombrement, une consommation en réactifs chimiques réduite. Et il permet de traiter l’ensemble des éléments présents en excès, fer, fluorure et carbonates. La filière de potabilisation est constituée d’une déferrisation physico-chimique sur 2 filtres sous pression suivie d’un préfiltre de sécurité en amont de la nanofiltration (1 cartouche de 5 µm) et d’un conditionnement pour limiter la précipitation des sels à la surface de la membrane. La nanofiltration est composée d’un skid de 3 étages comportant au total de 36 modules Filmtec NF90-400. Un mélange de l’eau traitée est réalisé avec l’eau déferrisée ainsi qu’une remise à l’équilibre par ajout de soude.Les performances de l’usine correspondent aux attentes du Syndicat avec une eau en sortie dont la dureté est de 17°F. Le montant global de l’opération de mise en œuvre de la nanofiltration s’est élevé à 662 295 euros HT et a fait l’objet de subventions de la part de l’Agence de l’Eau Seine Normandie (264 918 euros HT) et du Conseil Général de l’Aisne (57 395 euros HT). Les travaux ont été réalisés par le groupement Opalium (OTV) et CRB sur une durée de 9 mois. La maintenance de la nanofiltration se résume à un nettoyage du skid 4 fois par an à l’aide de solution chimique (basique et acide) pour éliminer les dépôts de carbonate ou de fer à la surface des membranes.Les membranes constituent une véritable barrière physique capable d’arrêter efficacement une large gamme de polluants, identifiés ou non. Les carbonates sont retenus mais aussi dans les exemples cités, le nickel, le sélénium, le fluor… Elles présentent en outre l’avantage de se préserver pour l’avenir d’autres substances connues à ce jour comme les pesticides et les nitrates ou encore inconnues tels les micro-polluants, les substances émergentes. Ce procédé contribue, par ailleurs, à la réduction des problèmes d’entartrage des réseaux, à la diminution des dosages de chlore et des risques de reviviscence bactérienne dans les réseaux.