Le changement climatique n'a pas toujours des effets négatifs. Une récente étude menée par des chercheurs de l'Irstea de Lyon montre ainsi que les macroinvertébrés (insectes, mollusques ou crustacés mesurant plus de 0,5 mm) semblent en avoir profité. Entre 1987 et 2012, la richesse en macro-invertébrés dans les cours d'eau français a augmenté de 42 % se traduisant par une augmentation de l'Indice biologique global normalisé (IBGN) qui sert à mesurer la qualité biologique d'un cours d'eau dans le cadre de la directive cadre sur l'eau. « On constate une augmentation de deux points d'indice IBGN. On passe de 12 à 14 en moyenne et en tendance », précise Yves Souchon, chercheur à l'Irstea qui a participé à l'étude.Au delà de la qualité, les populations de macro-invertébrés ont aussi augmenté en quantité. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont compilé les données de 150 stations réparties sur l'ensemble du territoire. Elles ont été choisies car elles disposaient de données détaillées depuis 1987. Ils ont observé cette amélioration quasiment partout en France. « Entre les années 90 et 2000, on explique cette augmentation par l'amélioration de la qualité de l'eau (phosphore et oxygène par exemple). Mais à partir des années 2000, c'est l'augmentation modérée de la température de l'eau estimée à 1°C environ qui a bénéficié à un grand nombre de macro-invertébrés quelle que soit l'espèce », détaille Yves Souchon. La production d'algues a été amplifiée et c'est toute la chaîne alimentaire des macro-invertébrés qui comprend des herbivores et des prédateurs qui en a profité. Mais le chercheur reste prudent. « Si les températures augmentent encore et que les débits diminuent l'effet pourrait au contraire devenir négatif », explique-t-il.Il s'agit maintenant de renforcer les données dans les périodes-clefs identifiées et d'interpréter les résultats par rapport à d'autres variables climatiques telles que le débit des cours d'eau. Pauline Rey-Brahmi