L'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) s'est autosaisie sur la question des risques sanitaires liés à la recharge artificielle des nappes souterraines. En France, la réglementation permet déjà cette pratique au cas par cas après autorisation préfectorale. Il s'agit d'eaux de surface le plus souvent infiltrées par le biais d'un bassin ou bien injectées qui permettent de réalimenter des ressources déficitaires ou de préserver la nappe de pollutions ou d'intrusions salines.Une vingtaine de sites ont été dénombrés par le BRGM comme celui d'Aubergenville dans les Yvelines et à Hyères où la nappe du Gapeau est réalimentée pour faire face à la surconsommation estivale. Un projet de recherche a aussi été initié par le BRGM et l'Agence Rhône Méditerranée Corse fin 2015 pour explorer le potentiel de recharge artificielle sur ce bassin. L'Anses souhaitait donc apporter des éléments sur de potentiels risques sanitaires face au développement probable de cette pratique à partir d'eaux de surface voire à terme d'eaux usées traitées même si cela n'est pour l'instant pas autorisé en France.Une recharge sous certaines conditions Dans son avis publié le 21 juin 2016, l'Anses considère que la recharge « pourrait être déployée pour lutter contre la diminution des ressources en eaux souterraines sous certaines conditions ». Elle précise que la recharge ne doit pas dégrader la qualité de l'eau de la nappe, « ni imposer, après prélèvement, de traitements des eaux supplémentaires pour un même usage par rapport à une ressource non rechargée ». Cela implique que toutes les eaux souterraines rechargées « doivent être compatibles avec leur utilisation actuelle ou future pour l'alimentation en eau destinée à la consommation humaine (EDCH) ». La recharge ne doit pas non plus remettre en cause l'atteinte des objectifs qualitatifs fixés dans le cadre de la DCE.Par ailleurs, l'avis précise que la qualité de l'eau de recharge – c'est-à-dire une eau ayant subi un traitement en vue de la réinjection - doit être « meilleure ou au moins équivalente à la qualité de l'eau de la nappe ». Il préconise aussi une gestion durable du système de recharge avec la mise en place d'une surveillance des contaminants potentiellement présents. Enfin, l'Anses recommande d'améliorer les connaissances sur les sites français déjà existants pour vérifier le maintien de la qualité des eaux rechargées mais aussi pour mieux connaître les risques. Pauline Rey-Brahmi