L'idée paraît simple. Mais pour parvenir à concrétiser un projet de méthanisation qui associe les deux plus gros syndicats de France, le Syctom pour les déchets organiques et le Siaap pour les boues d'épuration, il faut faire coïncider les calendriers de rénovation des sites, développer un procédé fiable, imaginer les modes de transport des biodéchets...Le Siaap a signé l'accord-cadre en avril dernier. Quelques jours auparavant, le Syctom avait signé un partenariat avec la CDC. Tout est désormais en place pour pouvoir lancer un appel d'offres d'ici à l'été 2016. « Pour cela, nous avons lancé en mars dernier une procédure de partenariat d'innovation, une nouvelle procédure du Code des marchés publics », explique Pierre Hirtzberger, directeur général des services techniques du Syctom, qui est mandataire du groupement de commande. Une procédure qui permet de choisir un ou plusieurs groupements — « idéalement des grands groupes associés à des PME » — pour lancer ces programmes de R&D et aboutir à un pilote, puis à un démonstrateur industriel.« Le rapprochement du Siaap et du Syctom n'est pas récent. Il date de 2007, avec l'idée abandonnée depuis de méthaniser des boues de Step avec la fraction organique issue des ordures ménagères résiduelles et des biodéchets sur le site du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, rappelle Patrice Furé, directeur de cabinet d'Hervé Marseille, président du Syctom. Mais l'idée reste pertinente. » Depuis, le contexte a complètement changé du côté du Syctom. Alors que la politique de gestion des déchets vie l'incite à augmenter la valorisation des déchets ménagers sur son territoire, les divers projets de méthanisation ont été abandonnés (Romainville, Blanc-Mesnil, 93) ou fortement remis en question (Ivry-Paris 13). Le Siaap, quant à lui, compte déjà deux unités de méthanisation en surcapacité sur ses sites de Seine Amont et Seine Aval. Ce dernier serait en capacité d'accueillir jusqu'à 150?000 tonnes par an de déchets organiques en provenance du Syctom. Bref, tout le monde serait gagnant.L'objectif est de parvenir à un outil opérationnel pour 2026, date à laquelle le projet d'Ivry devrait être finalisé – avec une capacité d'incinération divisée par deux. À la même date, Seine Aval devra avoir renouvelé ses digesteurs. Une belle fenêtre de tir ! Albane Canto