La pollution de l’eau s’est aggravée depuis 1990 dans la majorité des fleuves d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie. C'est l'une des principales conclusions du récent rapport mené par le PNUE. Cette « pré-étude » vise à donner des éléments pour procéder à une évaluation mondiale plus complète. Elle est basée sur les données collectées dans ces différents bassins même si elles sont peu nombreuses. En effet, pour les auteurs, la communauté internationale a mis l'accent sur l’aspect quantitatif de la sécurité hydrique en augmentant l’accès des populations à une eau potable mais la qualité de l'eau a été peu étudiée et surveillée. Trois grands types de pollution sont mis en avant : la pollution bactériologique due à la présence d'agents pathogènes, la pollution organique et enfin la pollution saline.Ainsi, un tiers des eaux de ces fleuves est contaminé par des agents pathogènes qui représente un risque pour la santé des populations. Un kilomètre de fleuve sur sept est touchée par une pollution organique grave qui peut affecter la sécurité alimentaire puisque les populations locales sont souvent dépendantes de l'activité de pêche. 38,5 millions d'emplois sont liés à la pêche en eau douce, rappelle le rapport.Ces pollutions sont en partie dues à la mise en place de systèmes d’égout qui ont permis d'éviter le risque sanitaire sur la terre ferme mais l'ont transféré dans l'eau. Enfin les pollutions salines graves à modérées affectent 10 % des cours d’eau. Les causes principales résident dans les rejets industriels (principalement en Amérique du Sud) et les retours d'eaux d'irrigation (surtout en Asie et en Afrique).Au global, entre 1990 et 2010, les pollutions par agents pathogènes et les pollutions organiques ont augmenté dans plus de 50 % des eaux sur les trois continents et la pollution saline a augmenté dans un tiers des eaux.Pour maintenir ou restaurer la qualité de ces eaux, le rapport préconise d'améliorer la surveillance de la qualité de l'eau en augmentant le nombre de stations et la fréquence des mesures. Pour gagner en efficacité il faut aussi identifier des zones prioritaires à surveiller. Enfin, les auteurs préconisent de mettre en place des stratégies techniques et une meilleure gouvernance pour réduire les risques de pollution. Pauline Rey-Brahmi