C'est avec enthousiasme qu'Est Ensemble signait le 13 septembre 2016 une convention avec le Syndicat des eaux d'Île-de-France (Sedif) dont l'ancienne agglomération, devenue l'un des 12 territoires du projet du Grand Paris, est membre et Veolia, le délégataire du syndicat. « La loi Brottes nous offre l'opportunité de réaliser ce que nous avions en tête depuis longtemps », assure Christian Lagrange, vice-président d'Est ensemble en charge de l'eau et de l'assainissement.Est Ensemble qui regroupe 9 communes de l'Est parisien a travaillé depuis plusieurs années sur ce sujet et a buté sur les complexités inhérentes à la tarification sociale : comment définir ce qu'est un foyer, quel type de consommation, sur quels critères cibler les foyers ? « Nous avons choisi un dispositif que nous appelons « eau sociale » car il ne s'agit pas d'une tarification sociale. Nous voulions que cette aide aille à l'eau et uniquement aux foyers en difficulté en agissant au plus rapide, au plus simple et au plus juste », détaille Christian Lagrange. Concrètement les élus ont choisi de prélever 1 % des revenus de la part assainissement incombant à Est Ensemble dans la facture d'eau soit 40 000 euros par an. Cet argent sera distribué directement par les Centres communaux d'action sociale (CCAS) aux familles en difficulté qu'ils côtoient dans la limite de 50 % du montant de la facture d'eau et sur demande des familles.Le Sedif a déjà signé une convention avec chaque CCAS. En effet, dans le cadre de son dispositif « Eau solidaire », le Sedif collecte déjà près de deux millions d'euros sur la facture d'eau dont la moitié est reversé au Fonds de solidarité logement (FSL) et l'autre moitié distribuée par les CCAS. Sur le territoire d'Est Ensemble, cela représente déjà 108 000 euros par an. L'abondement supplémentaire par la collectivité ne signifiera pas plus d'aide par foyer. « Moins de 300 familles sont aidées à l'heure actuelle. Nous souhaiterions en aider jusqu'à 4 à 500 », ambitionne le vice-président. Et l'élu d'Est Ensemble voit encore plus loin. « Nous sommes entrés en contact avec le département et le Siaap avec l'idée qu'ils abondent aussi cette enveloppe. On pourrait alors aider jusqu'à 1000 ou 2000 foyers », espère Christian Lagrange.Au delà de cette aide qui sera mise en œuvre dès la fin 2016, une action préventive devrait aussi voir le jour en 2017. Il s'agira de développer un travail avec des associations locales pour la sensibilisation aux économies d'eau et à la lutte contre les fuites. Le dispositif d'aides sera suivi mensuellement pour repérer les évolutions ville par ville et réaliser une étude sociologique autour du dispositif. Dans tous les cas, un bilan devra être rendu à la fin de l'expérimentation prévue par la loi Brottes en 2018.Quelques militants de l'association Coordination Eau Île-de-France avaient fait le déplacement lors de la signature pour dénoncer cette convention. Pour l'association, il s'agit « d'une goutte d'eau dans un océan de difficultés ». Elle rappelle aussi que les 40 000 euros annuels correspondent à « l'équivalent d'un jour et demi de la surfacturation dont tous les usagers d'Est Ensemble sont victimes avec le Sedif et Veolia ».Pauline Rey-Brahmi